18 mars : journal d'un confiné finissant


Hier, ou étais-ce avant-hier, j’ai vu dans mon étrange lucarne un homme au visage poupin qui, d’un ton patelin, me récitait quelque chose qui ressemblait à l’appel du 18 juin …. J’ai failli prendre la chose au sérieux et manifester quelque énervement. Mais j’ai enfin compris : ce n’étais que pataphysique, le surréalisme avait enfin triomphé et l’esprit du sublime Dali gouvernait le monde. J'ai failli retrouver mon âme d'enfant : j’ai dormi comme un bébé.

 

Le lendemain, c’est un mal rasé qui m’est apparu : pataphysique ou pas, j’étais confiné… mais qu’es-ce ?

 

Si j’ai bien compris, désormais,  je n’avais plus que le droit  de faire, parcimonieusement, quelques courses vitales pour ne pas mourir d’inanition, de me dégourdir les jambes autour de ma maison, et, éventuellement, d’adopter un animal de compagnie pour avoir la possibilité de l’emmener déféquer dans le caniveau le plus proche.

Il me suffisait, pour cela, d’imprimer ou de recopier, à chaque pas fait hors de mon logis, un formulaire où je certifiais sur l’honneur que je marchais pour faire ce que de droit. Bons princes, mes maîtres ne me sanctionneraient, le premier jour, que d’une amende ne dépassant pas le salaire minimum quotidien.

 

J’en pris bonne note, espérant, en cela, aider nos vaillants médecins et soignants dans leur épuisant combat pour palier à quelques décennies de décisions et d’économies irresponsables et, plus récemment à quelques décisions limitées ou tardives.

 

Mais je n’étais pas seul et les choses étaient plus complexes.

Le même négligé limitait cet effort aux seuls « inactifs » ou « travailleurs intellectuels » et, soutenu par son intendant aux finances, enjoignait aux travailleurs ayant encore besoin de leurs mains, d’assurer la richesse et la puissance économique de la nation en continuant à s’entasser dans les métros restants, à se réunir en masse dans les usines, en leur conseillant seulement de ne pas postillonner à la figure de leurs contremaîtres ...

Les pataphysiciens allaient décidément trop loin.

 

J’avais, avant cela, prévu quelques travaux et m’étais décidé à faire équiper mon logis d’une fibre miracle démultipliant la rapidité et les capacités de mon ordinateur à m’apporter tout un flot de drôleries, d’inepties ou d’informations diverses. L’intervention était prévue ce jour même. Il m’apparu évident que la chose allait être annulée afin de préserver mon isolement au logis …. J’étais trop rationnel pour cette époque. L’équipe fut à la porte de ma maison alors que, confiant dans le report de cette intervention, je m’ébrouais sous la douche. Peignoir passé, un réflexe de politesse leur ouvrit la porte pour une visite complète de mon logis, de la cave aux greniers…. La chose était complexe, la pas très fine équipe du sous-traitant de sous-traitant de mon opérateur téléphonique était dépassé en courage et équipement … la chose ne se fit pas, non sans quelques discussions animées et manifestement trop proches …. Si j’en crois les recommandations médicales largement diffusées, nous avions pris là un trop grand risque, j’aurais dû m’asperger de gel hydro-alcoolique, et nettoyer avec un produit idoine l’ensemble des rampes, poignées de portes et murs touchés par mes visiteurs.

 

Ce n’est pas pour dire, mais un tel décalage entre mon confinement et le maintien de l’activité économique a de quoi interpeller… A bien y penser, je me demande si l’on peut vraiment en rire.

Ce matin mes camarades cyclistes se demandent s’ils ont le droit d’aller très loin, ou si, en risquant une chute nécessitant leur prise en charge médicale, ils ne sont pas de très mauvais citoyens… leurs scrupules les honorent …

 

Mais, pauvres de nous, abreuvés de messages culpabilisant la moindre de nos sorties au grand air, nous sommes bien seuls face à une épidémie qui nous échappe. La pataphysique a ses limites, ce n’était que pour rire et nous en sommes loin …

 

Je commence ce journal d’un confiné finissant …

 

Après cela j’irai, pour mon épouse, imprimer le sauf-conduit utile au petit footing nécessaire à son équilibre mental et j’y joindrai les 135 € prévu au cas où elle dépasserait la « proximité » réglementaire.


19 mars : toujours aussi confiné ..


Jour 2  sur14 (ou plus)

Petit dépouillement des mails, messages FB et autres Google news : pas de changements, on navigue entre les post néo-complotistes, les conseils sur-vitaminés des officiels, les relais d’initiatives diverses, souvent sympathiques et bien peu de choses distrayantes ….

 Je me fixe un peu sur la TV suisse, j’aime bien : on plaisante autant que l’on en parle sérieusement, mais le ton est léger … En bref, on se conduit normalement, j’ai failli dire intelligemment, désolé -

Je retourne à notre TV (pas nationale, certes internationale, mais tellement aux ordres que s’en est pire)

   

 Retour du Prince qui s’empresse d’encourager nos travailleurs à assurer, envers et contre tout virus, le minimum utile au soutien de notre économie dont on ne sait si elle pourra maintenir le niveau du CAC 40 au-dessus de 3700 … On passe à autre chose, mais, juste avant un responsable BTP s’interrogeait sur la possibilité d’assurer les consignes sanitaires indispensables sur un chantier … je repense à mes installateurs de la veille.

 

 Changement de séquence : long développement sur les horribles et irresponsables sportifs n’hésitant pas à s’éloigner de plus de quelques centaines de mètres de leur domicile pour entretenir un peu de la forme physique qui leur sera peut-être utile si par malheur ils étaient eux aussi rattrapés par la bête … Tous s’y mettent : on verbalise, sans d’ailleurs que l’on ait songé à recycler les méthodes policières. La casquette du Préfet de Police parisien est toujours aussi arrogante et le chef de police du co-prince, tout aussi mal rasé que son maître, fustige quelques joggeurs en les traitant d’imbéciles (comme disait Sartre : quand un bœuf rentre à l’église, il voit des saints à tête de bœuf …)

 

Bref, je continue : L’économiste de service n’avait pas tout écouté de la parole du maître : le voilà qui projette de gronder un employeur qui voudrait avec insistance que ses employés travaillent …

ça fait un peu désordre, du coup je retourne à la pataphysique et je relis UBU ROI : Allez, je vous délivre cette citation :

 

UBU et ses compagnons ont été attaqué par un ours, UBU, perché sur un rocher laisse ses compagnons l'attaquer et le pourfendre ...

 

" Père UBU : ..".Sed liberas nos a malo"....  Enfin, est-il bien mort ? Puis-je descendre de mon rocher ?

(Pile) avec mépris : Tant que vous voudrez

Père UBU :   Vous pouvez vous flatter que, si vous êtes encore vivants et si vous foulez encore la neige de Lithuanie, vous le devez à la vertu magnanime du Maître des Finances, qui s’est évertué, échiné et égosillé à débiter des patenôtres pour votre salut, et qui a manié avec autant de courage le glaive spirituel de la prière que vous avez manié avec adresse le temporel … Nous avons même poussé plus loin encore notre dévouement, car nous n’avons pas hésité à monter sur un rocher fort haut pour que nos prières aient moins loin à arriver au ciel.

 (Pile) : révoltante bourrique

 Père UBU : Voici une grosse bête. Grâce à moi, vous avez de quoi souper … »

 

 Au programme du jour : quelques courses ce matin, attestation en poche. Le marché du jeudi, légumes et fruits, est toujours ouvert, les bancs sont un peu plus éloignés les uns des autres, moins de clients, deux policiers en balade … Dans les rues, des voitures, moins que d’habitude mais rien n’est désert et, sur la zone industrielle, des camions, une certaine activité. En campagne, des gens en balade (à plus de 500 m de chez eux, bien sûr) …

 

On est loin des infos TV, mais je me méfie … Cet après-midi, pour Josette, balade à vélo : je crains le pire : elle s’éloignera de plus de 7 kms à vol d’oiseau de notre domicile et passera à moins de 2 kms d’une brigade de gendarmerie : j’ai peur que nous figurions bientôt dans la rubrique des « septuagénaires inconscients et imbéciles » du quotidien local.

 

  En attendant, je retourne à mes occupations – à demain,

 


20 mars : plus que 38 jours ?


On est au jour 4 … j’avais compté 3.

 

 Il paraît que l’on peut s’attendre à 6 semaines de confinement, soit 42 jours, si j’ai bien retenu mes tables de multiplication.

Il ne nous reste donc plus que 38 jours à ne pas faire de vélo à plus de 2 kms à vol d’oiseau de notre domicile (et encore, au bon vouloir de la maréchaussée), à ne faire nos courses alimentaires qu’avec parcimonie (mais non accompagné) et à subir, à journée faite, le spectacle désolant de nos super-flics flétrissant la conduite odieuse de quelques sportifs gambadant sous le soleil.

 

   

 

On a beau dire, mais ça va être dur … et déjà, avec les pluies annoncées, un problème quasi-existentiel : est-ce que la cueillette des morilles rentre bien dans le cadre des déplacements dérogatoires autorisés par le décret du 16 mars 2020 (au cas où ce simple décret aurait quelque valeur au regard de nos droits constitutionnels).

 

Revenons à la cueillette des morilles… c’est un vrai drame, cette activité ne peut, en effet, être reportée à la fin de notre confinement. Or, il s’agit d’une activité éminemment et évidemment nécessaire à notre équilibre moral sinon mental. 

 

J’avais bien envisagé d’établir deux attestations distinctes : l’une au titre de l’assistance aux personnes vulnérables pour le trajet en automobile jusqu’au domicile d’une amie, qui, encore plus que nous, a quelques problèmes de santé et en établir une seconde pour la promenade à proximité de sa maison pour quelques rares tâches situées dans le périmètre admissible. Ça risque d’être un peu juste : l’amie est plus jeune que nous et les meilleures tâches sont trop éloignées… 

 

 

 

Tristement, j’allais renoncer quand, écoutant nos ministres du travail, du commerce et de la patrie (ne pas confondre avec une autre époque …) je compris qu’une activité économique vigoureuse relèverait la Nation (mais pas les vieux) de l’abîme où la plonge l’affreux virus. La solution était là : m’inscrire comme « cueilleur de champignons professionnel ». J’aurais, dès lors le droit d’aller et venir, par tous les moyens dont je dispose : à pied, à vélo ou en voiture, sur toutes distances afin d’aller recueillir les précieux champignons dans des forêts désertées : le pied !!!

 

 

 

Bon, ça c’était pour rire … sérieux :  vitupérer, faire porter le chapeau d’une catastrophe annoncée à quelques cyclistes ou coureurs à pied cherchant à se maintenir en santé par un exercice physique recommandé par la faculté, alors que l’on pousse les entreprises à obliger leurs salariés à prendre métros et bus, à se frotter les uns aux autres, souvent sans protection possible … Effrayant !!! et cela, répété à l’envie, jusqu’à nous donner la nausée et relayé avec conviction sur les réseaux sociaux par une multitude de zélateurs involontaires ou pas. 

 

C’en est trop… Je lisais, hier, un blog où, après énumération fidèle des déclarations contradictoires de nos dirigeants, de leurs atermoiements, de leurs contradictions, finissait par employer le qualificatif de « connards ». Un peu sommaire, surtout que la définition du mot est un peu floue. Mais bon, le souci n’est pas le terme employé … mais ce qu’il implique pour mes vieux principes : une démocratie, c’est dirigé « par le peuple, pour le peuple », avec « connards », ça donne quoi ?

 

 

 

Bon, je prépare ma bière vespérale (la vache, si je n’arrive pas à me faire livrer du malt avant 38 jours, je vais tomber en panne !!! enfer et damnation !!!) et, pour vous, avant de boire à la santé des vieux qui risque de casser leur pipe dans un futur nécessairement à l’italienne, ceci, du regretté Desproges :

 

 La minute nécessaire de Monsieur Cyclopède :  l'IVV

 

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=h0Zqbr8dPeM

 

 

 

à demain, et que Dieu vous ait en sa Sainte Garde ...

 

21 mars  : confiné, le week-end, ça change quoi ?


Réveil ce matin, chagrin …. On ne peut pas rire tous les jours

 La pandémie spectacle, ça vous atteint le cœur et l’esprit, bonjour tristesse…

 

Je me suis réveillé sur un vieux souvenir des lacs italiens :

 Voyage en vélo, nous rentrons de Venise : à gauche, il y a la grande plaine humide et malsaine, mais ici, nous touchons les premières montagnes, les lacs, la région heureuse où les fortunes s’établissaient au-dessus des miasmes. L’air est pur et les villas splendides : souvent, ce ne sont que des « folies » abritant de vraies passions ou de simples courtisanes. Certaines sont un peu décrépies, d’autres sont recyclées en pseudo palaces gérés par les voyagistes. Mais il reste cette atmosphère que tous trouvent romantique. Les routes  sont belles et j’aime bien les Ritals : c’est un beau souvenir. 

 

Hier, j’ai vu dans BERGAME endormie, passer de sombres et menaçants véhicules militaires emportant, loin de leurs proches, des cercueils standards, des corps scellés dans du plastique, des défunts partis trop seuls, entourés d’appareils.

 J’ai su aussi, près de chez moi, ces vieillards sortant de l’Ehpad dans leur boîte, scellée aussi avant que leurs proches ne les aient vu, et que l ’on a même pas compté, faute de test, dans le décompte sordide de cette pandémie.

 

Le spectacle que l’on nous offre, ou que l’on veut nous montrer est celui des grandes pestes moyenâgeuses : des villes désertes, des familles enfermées et, seuls dans ce désert, des médecins au masque en forme de bec d’oiseau, et des croque-morts poussant les charrettes où l’on entasse les morts du jour.

  J’émerge enfin, cela, en dépit des problèmes,  doit beaucoup trop au monde du spectacle. Comme disent les Suisses à propos de notre confinement (nb :  le leur fait plutôt appel au bon sens des gens et des gendarmes) : « nous, nous ne faisons pas de la politique spectacle ».

 Je me débarrasse donc de cette angoisse imposée, juste une petite pensée pour ceux qui sont dans la peine, et je repars. 

 

C’est quand même curieux cette situation, cette atmosphère de fin du monde pour une épidémie qui n’est même pas, statistiquement parlant, très mortelle…. Je repense aux 30.000 décès de vieux dus à une canicule récente, aux détresses africaines que nous avons superbement ignorées … Non, c’est juste curieux de voir un tel désordre, un tel affolement de la part de nos dirigeants aux super-pouvoirs, descendus de leur trône de papier monnaie, subitement impuissants.

Et je retrouve Arthur (Rimbaud, évidemment) et « les Assis »

- Oh ! ne les faites pas lever ! C’est le naufrage…

 Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,

  Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !

  Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.

 

Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves,

  Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,

  Et leurs boutons d’habit sont des prunelles fauves

  Qui vous accrochent l’oeil du fond des corridors !

 

  Puis ils ont une main invisible qui tue :

  Au retour, leur regard filtre ce venin noir

  Qui charge l’oeil souffrant de la chienne battue,

  Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir.  

 

Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,

  Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever

  Et, de l’aurore au soir, des grappes d’amygdales

  Sous leurs mentons chétifs s’agitent à crever.

 

DEMAIN, justement, parlons-en :

Une fois l’hydre vaincue par nos vaillants mais pauvres soignants, ils nous désigneront, superbes et triomphants, tel UBU descendant du rocher, le cadavre de la bête et retourneront à leur imprimerie héritée de Monsieur LAW. Leur trône de papier reconstitué, ils rempliront de monnaie fabriquée quelques hélicoptères qui négligeront les bas- fonds où stagnent les damnés de la terre. Ils pourront alors terminer le poème : 

Quand l’austère sommeil a baissé leurs visières,

  Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,

  De vrais petits amours de chaises en lisière

  Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;  

 

Des fleurs d’encre crachant des pollens en virgule

  Les bercent, le long des calices accroupis

  Tels qu’au fil des glaïeuls le vol des libellules

  - Et leur membre s’agace à des barbes d’épis.  

 

Allez, soyons positifs, je vous délivre la recette de ma boisson chaude reconstituante : 

Une décoction brûlante de quinquina en poudre (une cuillère à café de poudre, pas plus, ça contient de la quinine...)

 Dans le bol :

 Un bon (ou très bon, ça dépend du verre) centilitre de Rhum Saint James blanc ou paille,

 La même chose en liqueur de Génépi (ou Genévrier, selon arrivage)

 Citron et sucre, ou sirop de citron, mieux, pour ceux qui aime : du miel …

 Ça se boit très chaud…

 

 Et, en prime, un lien vers Bernard LAVILLIERS  chantant Arthur sur une musique du cher vieux Léo Ferré

 https://www.youtube.com/watch?v=Z0hvdrhXNR8

 

à plus, portez- vous …

 


22 mars : un dimanche à la maison


Déjà je n’allais plus à la Messe, en plus je suis retraité … alors, un dimanche à la maison, quoi de plus naturel.

Bon, retour sur FB pour les tendances du jour.

 

 

 Premier post : on me transmet une bonne synthèse des communications officielles sur les essais en cours d’un traitement à bas de Chloroquine…

 

 

 

J’avais un peu suivi l’affaire. Mais on me parle d’une « intuition » d’un professeur qui aurait, de son propre chef, fait un essai presque prometteur sur un tout petit nombre de malade… On m’en indique les limites, les dangers. Il faut retourner aux bonnes pratiques et envisager un essai « randomisé » en même temps que celui d'autres molécules plus récentes, onéreuses et n’existant qu’en toute petite quantité.

 

Avec l’appel appuyé à ne pas se précipiter sur ce médicament, on m’indique les espoirs de trouver un traitement ainsi que l’échéance avant d’y parvenir : des semaines, un mois, plutôt deux. Pour le vaccin, on fait au plus vite, mais ça sera plutôt un an, si d’aventure le coronavirus s’établit à demeure sans trop muter…

 

 

 

 Méfiant : j’ai bien sûr appris que « l’intuition » faisait suite à un essai, certes sans groupe témoin compte tenu de l’urgence, mais important et effectué par les premiers médecins touchés, les chinois. Le professeur est, aussi, en fait, un homme de grande réputation internationale, pas forcément un huluberlu, en dépit d’une chevelure aussi peu conformiste que la mienne. L'empressement mis à le laisser en marge, à reporter toute prescription aux calendes grecques, à dissuader l'utilisation d'un médoc qui était largement fourni à tout individu pour peu qu'il envisage un déplacement  dans un pays plein de miasmes interroge ... sauf que la réponse est par trop évidente.

 

 

Bon, d'accord, je n’envisage pas de tomber gravement malade, mais de savoir que nos dirigeants et autorités ne nous ferons bénéficier d’un traitement efficace qu’une fois l’épidémie passée, ça finirait par me faire peur... et, accessoirement  me donner une furieuse envie de retourner le crochet à nobles et le sabre à finances contre nos ubuesques roitelets ... cornegidouille !!!

 

 

 

Deuxième post : Nos amis allemands : Eux, ils pensent qu’il vaut mieux, en ces temps épidémiques, faire ses déplacements à vélo, les cyclistes ayant un réflexe sécuritaire qui les tiens à une bonne distance des autres gens ou véhicules et qu’en outre, ils renforcent, en pratiquant, leurs capacités cardiaques et pulmonaires. 

 

Moi, bêtement, ça me paraît crédible … mais, pendant ce temps, ma fédération de cyclotourisme nous enjoins, avec la plus grande fermeté, de laisser nos vélos au garage, allant bien au-delà des dispositions réglementaires, même rapportées par le "Figaro" journal plutôt conventionnel ... J’ai connu semblable comportement dans d’autres situations et d'autres temps : le Colonel dit, le Capitaine en rajoute un peu, et ensuite l'adjudant ... pauvre soldat !!! 

 

 

 

Enfin, une vidéo : nos amis italiens : une petite ville, de petits immeubles. Ils sont sur les balcons. Un homme au saxo envoie « Bella Ciao », un autre suit en sifflant la mélodie, des applaudissements : c’est beau.

 

 

 

A tout hasard, le lien, si ça marche …

 

https://www.facebook.com/cequejecris/videos/510426283200281/UzpfSTEwMDAwMDYwMTI0NzA5MDozMjc4MzY4MjMyMTkzMTg2/?lh=d04b168f11dba5f96706b3cd72e340ad&

 

 

 

Au fait, avant d’être le chant des partisans, c’était celui des « mondines », les ouvrières travaillant dans les rizières de cette même plaine aujourd’hui durement frappée par l’épidémie, des conditions abominables, et, à l’époque, la malaria, et, bien sûr, à l’époque, pas de quinine pour elles …. 

 

A demain, Portez-vous … 

 


En prime : les paroles de la chanson des Mondines :

 

Version originale des mondines

Alla mattina appena alzata

O bella ciao bella ciao bella ciao, ciao, ciao

Alla mattina appena alzata

In risaia mi tocca andar

E fra gli insetti e le zanzare

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

E fra gli insetti e le zanzare

Un dur lavoro mi tocca far

Il capo in piedi col suo bastone

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Il capo in piedi col suo bastone

E noi curve a lavorar

O mamma mia o che tormento

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

O mamma mia o che tormento

Io t'invoco ogni doman

Ed ogni ora che qui passiamo

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Ed ogni ora che qui passiamo

Noi perdiam la gioventù

Ma verrà un giorno che tutte quante

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Ma verrà un giorno che tutte quante

Lavoreremo in libertà.

Traduction

Le matin, à peine levée

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Le matin, à peine levée

À la rizière je dois aller

Et entre les insectes et les moustiques

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Et entre les insectes et les moustiques

Un dur labeur je dois faire

Le chef debout avec son bâton

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Le chef debout avec son bâton

Et nous courbées à travailler

O Bonne mère quel tourment

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

O Bonne mère quel tourment

Je t'invoque chaque jour

Et toutes les heures que nous passons ici

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Et toutes les heures que nous passons ici

Nous perdons notre jeunesse

Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes

O bella ciao bella ciao bella ciao ciao ciao

Mais un jour viendra que toutes autant que nous sommes

Nous travaillerons en liberté.

 

 

 


23 mars - nouvelle semaine : la vie reprends, mais pas pour tous


Un peu las de reprendre les polémiques où je les avais laissés, de subir sur FB les messages « d’influenceurs » dirigés ou spontanés lutter contre telle initiative de traitement ayant échappé à la vigilance des mercantis ou contre de paisibles joggeurs exerçant à 50 mètres les uns des autres …

 

Il sera toujours temps d’y revenir, mais, ce matin, tristesse, deux toubibs de plus sont morts, 500 soignants sont infectés … et sûrement bien d’autres, alors, comment écarter leurs demandes, leurs prières, même trop orientées ? 

 

 

 

Pour nos toubibs, j’ai des excuses à faire …. Aux temps heureux, je grognais : rendez vous portés aux calendes, l’incertitude de vivre assez longtemps pour atteindre la date promise et aussi, nos belles régions devenues déserts médicaux, les jeunes refusant de s’établir ailleurs que dans les grandes villes …. Bref, le sentiment d’une nouvelle génération médicale de petits bourgeois.

 

J’avais tort, dans notre triste époque, cela était normal.

 

Qui suis-je, et quoi reprocher à ces jeunes gens : de longues années d’études, même payées par papa, ça a son prix. Vouloir en échange une vie confortable, n’est-ce pas normal, quand le vulgaire des commerciaux, agent de banque boursicoteur ou décideur véreux obtient plus. 

 

Nous avions seulement été mal habitués par de trop grands hommes.

 

 

 

Mon tout premier toubib exerçait sur une place de ma ville natale. Ses consultations, à 13 heures 30 précises, après son repas, rassemblaient une bonne vingtaine de personnes. Un rite immuable : les « papiers » d’abord, qui ne payaient pas, les autres ensuite et jusqu’au soir : ils ne payaient pas tous. Le reste du temps il avait ses visites. Sans dimanches, à ma connaissance : on dit que la voiture de sport qu’il réservait à ses loisirs ne sortait jamais.

 

 

 

Les second, un couple : le mari, militant, un des seuls dans ma ville à se limiter au tarif strict de la convention Sécurité Sociale, parti trop tôt et son épouse, qui assistait à l’hôpital, bien avant les associations actuelles, ceux qui partaient seuls sans un regard et une main amie. Elle fut aussi le soutien toujours dispos et bénévole de ma fille quand elle souffrait sans pouvoir nous en parler : je ne l’ai su que beaucoup plus tard …

 

 

 

Je pense aussi à ce jeune toubib qui s’était établi à Thoirette : pas mille habitants, le trou du cul du monde au milieu d’une « patientèle » éloignée jusqu’à 20 kms à vol d’oiseau de son cabinet. Visites et consultations occupaient l’essentiel de son temps, lui aussi… Les week-ends, il était, en plus, pompier volontaire : il n’avait guère de repos …

 

 

 

Alors, les toubibs ayant leur carte de golf et une charge limitée aux seules consultations 3 ou 4 jours par semaine, ça m’avait fait drôle. J’avais tort, vous dis-je…

 

 

 

La situation est nouvelle, le virus est là, eux aussi, bourges ou pas, et sans retenue, sans méconnaître mais en en assurant le risque …alors, quand ils retourneront, la bête vaincue, se détendre sur des gazons trop parfaits pour être naturels, je m’abstiendrai.

 

Voilà pour mes excuses aux toubibs.

 

 

 

Aujourd’hui, nous avons encore quelques courses à faire…

 

Anticipant sur l’interdiction probable de toute activité physique, nous prenons nos vélos agrémentés d’une paire de sacoche pour nous rendre au supermarché proche (mais pas trop). Le trajet ne fait guère plus que le « tour » imaginé dans le rayon de moins de deux kilomètres de ma maison. Au moins, il nous permet de nous écarter de cette fameuse limite et des motivations « sportives » qui ne résisteront sans doute pas aux assauts des tenants d’un confinement punitif.

 

 

 

Un peu de circulation, même en zone industrielle, pas de gendarmes et nous arrivons sans encombre à destination. Peu de changements : des clients, modérément : pas besoin d’assurer un étalement des clients. Je rentre, il a fait frisquet, l’air est vif et j’ai la goutte au nez : ça éloigne les clients, c’est toujours ça.

 

 

 

A plus,

 

Juste pour rire (une petite vidéo mise sur FB par l’une de mes chères nièces)

 

 

 

https://www.facebook.com/elise.mcleod/videos/10156811828987382/UzpfSTgxMDI3OTc5NToxMDE1OTA4NjAyODkyNDc5Ng/?lh=d04b168f11dba5f96706b3cd72e340ad&