un long dimanche de repos


un long dimanche de repos (le prochain, bien sûr)


Aiguillonné par de braves citoyens émus de ce que l’un de nos futurs « maîtres » puisse être cette furie qui, à journée faite, vilipendait nos voisins du Sud, je m’apprêtais à devoir aller, par mon vote, reconduire l’actuel, ce serviteur zélé des riches bourgeois.

Tous s’y étaient mis : artistes ou amuseurs, pseudos philosophes, simples et parfois honnêtes intellectuels ou même, chez les opposants, le tribun qui le combattit si durement.

 

J’en étais là, me préparant psychologiquement à devoir marcher, monter les escaliers de la mairie communale malgré mes maux, et poser dans l’urne le nom de ce maître honni.

Lui, quittant son habit de fonction s’était mis à faire campagne à grand bruit, avec le secours de tous les gazetiers, échotiers ou journaleux.

Les étranges lucarnes étaient pleines des échos de cette campagne. Si notre furieuse, donnant de la tête de façon désordonnée, semblable à ces taureaux trop difficiles pour donner une belle corrida, semblait battue d’avance, notre futur, lui, s’exposait en majesté.

Il fit état, par le menu, de toutes les réformes qu’il ferait à coup sûr, des belles et bonnes lois qu’il donnerait au pays, de toutes les dispositions qu’il mettrait en œuvre. Il s’y engageait.

 

Ce fut à cet instant que je me réveillais et repris mes livres. Ouverts à la page de la Charte de la Nation, - était-il besoin de la consulter-, il était dit et établi que ce « maître » ne devait être, de fait, que le gardien de la Charte, l’arbitre et le garant des institutions… Il n’était marqué nulle part qu’il fut, en dépit de quelques pouvoirs particuliers et de son droit de nomination, le rédacteur de toute loi, ni même son unique initiateur, et ceci bien sûr sauf évènements tout à fait exceptionnels.

Bien au contraire, depuis plus de deux siècles, on disait, selon la formule d’alors : « la Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation ».

A proclamer ainsi qu’il serait le maître des lois, il repoussait un peu trop des limites de sa fonction ou présumait trop de ce que serait le futur et réel législateur : l’Assemblée des représentants de la Nation.

 

Il se voulait ou se voyait déjà César ou même Jupiter. Mais ces derniers ne sortent pas des urnes.

Je me préparais donc, pour la semaine prochaine, à un long dimanche de tranquillité loin des urnes comme de ces étranges lucarnes, en espérant, pour un futur plus lointain, la possibilité de choisir de braves législateurs me représentant vraiment….