VENDREDI 12 OCTOBRE :

 

Debout trop tôt pour un départ en taxi vers 7 heures du matin ; petit déj, bagages et sacs de routes faits … - 1° exercice, remplir les taxis (de la taille d’une Fiat 500) et plier nos abattis occidentaux pour les mettre aux normes népalaises. Parcours sans histoires et arrivée sur une place encombrée de bus : c’est là, les cars TATA (la marque indienne phare) sont petits, robustes –notre guide discute et nous désigne des places assises dans un bus pratiquement vide. Jusque là tout va bien, l’intervalle entre deux sièges est inférieur à la longueur de mon fémur, je suis un peu coincé d’une part par l’armature en fer du siège avant et d’autre part, sur le côté par l’armature de l’accoudoir brisé. Je ne dois pas être à la dimension népalaise standard. D’autres voyageurs arrivent, nous faisons quelques mètres, puis d’autres encore. Le bus plein, nous voyons arriver des bagages dans l’allée. Ca finit par des bidons de pétrole : ils fuient un peu et l’odeur sera du voyage (et les jours suivants, mon sac à dos était posé dessus …). Une fois le bus plein, il se passe des choses sur le toit : des sacs d’abord (nos sacs « porteurs », d’autres, innombrables, puis des gens, par l’échelle derrière, par les côtés … On doit bien en être à une capacité triple de celle du car. L’opération prend le temps de chargement d’un gros airbus, douane et police comprise. Elle est surveillée par un homme qui, de la porte latérale ouverte surveille, fait payer, vérifie et finit, sur deux coups du plat de la main, par donner l’ordre de marche …. A chaque manœuvre, un code : un coup, deux coups, marche avant, arrière, arrêt… le tout sans encombres au travers de ce qui, chez nous, est considéré comme un immense embouteillage …

Pour nous faire patienter sur les premiers hectomètres, une femme monte dans le bus, distribue à chacun un petit tract népalais/anglais expliquant sa situation financière et ses besoins pour payer l’école du fiston …. Elle repasse ensuite pour l’encaissement de nos roupies, récupérer ses tracts et repartir, en remerciant les donateurs et foudroyant du regard les autres …

  

La circulation redevient normale (quand la vitesse dépasse celle d’un homme à pied, puis celle d’un cycliste …) la route (largeur 5/6 mètres, dont 3 de goudronnés) s’élève rapidement au dessus de la ville : route superbe, abordée prudemment (croisements camions/bus limites, mais accomplis avec une grande prudence et plus de savoir vivre que chez nous …). Je gère, au mieux et avec l’aide spontanée de mes voisins, le placement de mes abattis en fonction de mes petites douleurs ou courbatures en tout genres. Deux heures de route : comme le préconise la Prévention Routière, pause et arrêt du véhicule. Petits besoins, les hommes en amont, côté vallée, les filles en aval côté montagne. Photo et tout le monde reprend sa place pour deux nouvelles heures, jusqu’à l’arrêt dans la vallée et la ville de TRISULI. Nous y mangerons notre premier « DAL BAT » (riz + sauce de lentilles + quelques légumes …) en essayant de nous défaire de nos habitudes d’hygiène alimentaire. Pendant ce temps notre bus se prépare : on arrime sur le toit, en plus des sacs, des cages à poules et de nouveaux sacs. Il nous faut reprendre la route pour 38 kms (d’après la borne) jusqu’à DUNCHE. La route n’est plus goudronnée, nous apprenons aussi qu’il y a eu quelques éboulements et qu’il nous faudra encore changer de bus… Quelques heures encore à une vitesse réduite. Les effondrements sont fréquents. Le passage s’effectue parfois « au pas », les roues à quelques centimètres du vide, le chauffeur guidé par les coups du copilote sur la carrosserie. Sur l’un de ces passages, la majorité des passagers (surtout les occidentaux) préfèrera effectuer le passage à pied. Arrivée enfin à l’effondrement principal : tout le monde descend, notre petite équipe se reconstitue : guide, porteurs, nous-mêmes et nos sacs. Nous passons l’effondrement, déjà des engins travaillent pour rouvrir la route. Arrivés de l’autre côté, des bus attendent. L’un est parti, l’autre attendra une heure. Nous en avons assez du manque d’espace et des odeurs de pétrole, nous décidons de faire les derniers kilomètres (8 ou 9) à pied. C’est parti pour le trek et DUNCHE que nous atteindrons peu avant la nuit. Installation dans un Lodge confortable (toilette mélangeant certes WC et douche sur 2 m², mais siège et eau chaude : le luxe …) et nous faisons mieux connaissance avec notre petite équipe : DANDHOS, le guide et nos trois porteurs : DIPI, SCHUM et FUL (orthographe approximative …)

 

 

Samedi 13 octobre : DUNCHE – SYABRU

 

Premier petit déj de campagne, l’occasion de tester les différentes façons de cuire le pain, chappattis sans levure, pain « tibétain » bien levé mais cuit à la friture. C’est ce dernier qui recueille nos suffrages et nous continuerons notre trek en mélangeant les fragrances de friture et les saveurs redoutables de confitures parfumées « à l’anglaise ». Mais il s’agit d’engranger les calories nécessaires à 5 ou 6 heures de marche …

Départ donc sur la route (piste) qui part de DUNCHE en direction de la frontière avec le TIBET … Petits raccourcis, croisement des bus matinaux et premiers contacts avec les gens, les gamins en nombre, les tisseuses et leurs métiers rudiment aires …. Quelques heures dans cette direction avant de prendre le sentier qui nous conduira à « THULO SYABRU » (le SYABRU du haut, pas celui du bas le long de la route principale …)

Pas de soleil pour cette première étape, pas vraiment de pluie non plus. Nous serons privés du spectacle des montagnes (normalement les vues sur le GANESH HIMAL) au profit de la vie locale, du premier repas de midi dans une « maison de thé » ou lodge rudimentaire. Joyeuse ambiance pour toute l’équipe, porteurs et guide compris … plaisanteries, ils sont jeunes, bavards, heureux d’être là …. Nous sympathisons tout de suite. Vers 16 h. arrivée sur SYABRU, petit rayon de soleil pour notre arrivée et premier lodge campagnard. Celui-ci affiche fièrement ses volets bleus et une pancarte affirmant « HOT WATER 24 h/24 ». J’en doute, le chauffage solaire n’a pas dû beaucoup produire. D’ailleurs 2 trekkeurs sont déjà là, réclamant leur dû et servis par un « coursier » faisant la navette, bouilloire en main, entre le foyer et la salle de bains. Je visite ensuite celle-ci : toujours 2 m² partagés entre la douche et le WC. Ce dernier est du modèle standard népalais : « à la turque » et de taille modeste. Il me faudra composer avec mon manque de souplesse, la grandeur de mes segments et les dimensions de l’objet. J’apprécierai, par la suite, les bienfaits d’une alimentation essentiellement constituée de féculents et par conséquent « sans déchets » ….

Dans la rue, des enfants jouent avec un énorme insecte, genre blatte, mais grand comme une main. Je détourne les yeux, en essayant d’ôter de mon esprit, la visite possible d’un tel insecte dans nos appartements. Ensuite, visite au petit temple (sans chaussures, mais avec roupies …) et belle fresque décrivant l’histoire des lieux, y compris l’image de la donatrice occidentale ayant participée à l’entretien du bâtiment. Mes amis veulent passer un coup de fil, un « cyber café » local possède un téléphone satellitaire. C’est facile, il faut toutefois sortir du bâtiment et placer l’appareil sur une table installée sur une sorte de belvédère …

Fin de la journée, repas (au choix patates ou riz –agrémentées ou non d’un peu d’œuf – quelques « végétaux » cuits et pimentés) – Nous nous offrons en supplément la bière (SAN MIGUEL fabriquée sous licence au Népal) et une ou deux friandises partagées entre nous. Nuit calme, des bruits divers dans les greniers, mais rien dans nos chambres.