27/03

27 mars : des bulles de savon


 

Hier après midi, la TV en fonds sonore : une chaîne d’information, des commentateurs « prestigieux », jusqu’à une ancienne ministre de la santé (dommage, ses vaccins excédentaires ne peuvent nous servir aujourd’hui). Mais surtout, toutes les heures, demi-heures, le bulletin et les reportages de ce superbe TGV portant une vingtaine de sub-claquants alsaciens vers des hôpitaux angevins disposant encore de quelques lits et appareils.

 

 

 

On nous montre tout, avec application : l’intérieur des wagons, les ambulances attendant leur arrivée, prêtes à les conduire de la gare à leur lit, leur planche de salut. On nous explique les précautions prises, la puissance des moyens. C’est magnifique, je suis comme enfant, quand je voyais s’échapper du petit cercle tout une myriade de bulles de savon.

 

 

 

Plus tard dans l’après- midi, on reviendra à l’essentiel : la situation économique, la crise que l’on essaye de prédire, d’en expliquer l’ampleur, d’envisager quelques solutions … Mais bon, il y a déjà pas mal de temps que l’on sait qu'en la matière, les choses sont aléatoires, totalement imprévisibles et que leurs cicatrices ne se voient que sur les plus faibles…

 

Tant qu’à perdre mon temps en écoutant, je retourne au TGV…

 

 

 

Sur l’écran d’en face (mon ordi) c’est le décret tant attendu sur l’usage de l’Hydrochloroquine. Quelques-uns n’ont pas tout lu : ils triomphent, pensant que notre aimable professeur marseillais avait enfin gagné et que ce traitement allait enfin profiter aux malades.

 

 

 

Je prends mes lunettes : ce ne sera qu’au sein des hôpitaux, malades gravement atteints et au choix, en concurrence avec d’autres anti-viraux expérimentaux… Je continue ma lecture : « La spécialité pharmaceutique PLAQUENIL© et les préparations à base d’hydroxychloroquine ne peuvent être dispensées par les pharmacies d’officine que dans le cadre d’une prescription initiale émanant exclusivement de spécialistes. (en fait, les seules indications antérieures, hors COVID 19).

 

  Je comprends : il est désormais impossible de se faire prescrire la chose aux premiers symptômes et par son médecin : ils ont osé, ils ont atteint leur but.

 

Aux hôpitaux, on ne dispensera la chose qu’aux « cas graves » … en fait, l’hôpital étant en bout de chaine, ça sent déjà très mauvais, le traitement arrivera un peu tard sans doute et l’on comptera les décès pour en établir l’inefficacité. Au demeurant, les équipes pourront, à loisir, choisir plutôt une « chère » molécule, développée par de puissants laboratoires pour vaincre une infection désormais en recul. Quelle belle perspective, pour ces généreuses sociétés, qu’une nouvelle indication.

 

   

 

Dernières nouvelles : un toubib américain a servi aux habitants de sa ville (Monroe, je crois), dès qu’ils en présentaient des symptômes établis ou qu’ils étaient fragiles, un traitement similaire à celui de notre marseillais : 500 patients traités, aucun mort, aucun intubé … « l’étude » sérieuse que l’on nous promet pour après le "pic épidémique" ne recensera ni ceux la, ni les patients marseillais traités hors étude et qui se remettent tranquillement de leur infection.

 

 

Ce n’est vraiment plus dans mes habitudes, mais je vais quand même aller me faire brûler un cierge.

 

 

Je finis … aux patients du wagon, en espérant leur guérison, à nous tous, quand le virus passé, que nous irons bien et que nous prendrons les trains pour d’heureux voyages :

 

 

 

 ce poème d’Arthur Rimbaud :

 

L’hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus.
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

 

 

Tu fermeras l’oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

 

 

 

Puis tu te sentiras la joue égratignée…
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou…

 

 

 

Et tu me diras : « Cherche ! » en inclinant la tête,
– Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
– Qui voyage beaucoup…