voyage cyclo : de Bilbao au Jura


Espagne - sur la côte basque
Espagne - sur la côte basque

Introduction

Après un hiver long et un peu statique, nous disposons enfin d’une bonne quinzaine de jours de liberté : une raison suffisante pour envisager un nouveau voyage en vélo.

Avec un potentiel d’un peu plus de 1000 km, je recherche les points de chute pour commencer notre périple (je préfère toujours partir au loin pour revenir chez nous : c’est plus facile d’organiser l’envoi des machines et bagages depuis chez soi que de trouver les emballages utiles pour le transport aérien ou les trains daignant accorder quelques places aux vélos, à 1.000 kms de chez soi !!! et puis, ç'est toujours motivant de rentrer chez soi …).

Du côté de l'Espagne, je cherche des possibilités : un départ de Barcelone s'avère trop problématique : l'aéroport se situe au milieu d'un lacis d'autoroutes et le contournement de la ville apparaît problématique avec un vélo. Le choix final sera Bilbao : un aéroport facile d'accès et de sortie, nous évitant une longue recherche des routes cyclables. Comme depuis plusieurs voyages, nous partirons de Genève avec Easy Jet.

Nous préparons les vélos dans les cartons et le rangement de nos sacoches suivant une procédure maintenant bien rodée. On fait appel à un ami pour nous mener à l'aéroport avec nos immenses cartons et tous nos bagages. J'aime bien commencer mes virées de cette manière: elles commencent ainsi sous le signe de l'amitié, la meilleure des augures. Arrivée donc le jour dit devant l'aéroport de Genève : j'ai du mal à passer transversalement chariot et cartons par les portes de l'aéroport. C'est finalement une jeune Suissesse qui, au lieu de protester de la gêne que j'occasionne, m'aidera à placer mon chargement  d'une façon plus adéquate.

 

Embarquement a priori sans problème, vol court et débarquement à Bilbao. Nous remontons nos montures et replaçons notre chargement, comme toujours limité à deux sacoches arrière, un chargement en hauteur au-dessus du porte-bagages et notre sacoche de guidon : ce n'est, certes pas, ce que  conseille les « puristes », mais cela a toujours été suffisant ou satisfaisant. Pour les "donneurs de leçons", merci, nous circulons très bien ainsi et n'avons rien à faire d'un chargement constitué de quatre ou cinq sacoches surbaissées, étanches, de bonne facture ou de grand prix, voire, pire, d'une remorque …. .

 


en route : l'Espagne ...

Nous quittons donc l'aéroport : sur 400 ou 500 m, il existe une sur-largeur pour piétons et véhicules lents, nous arrivons ainsi à un rond-point dont nous pouvons partir dans la bonne  direction et sur une route normale, peut-être un peu fréquentée, mais parfaitement cyclable.

En route donc vers le premier camping repéré, à quelques kilomètres de la ville de Bilbao. C'est dimanche, il est tard pour la ville et demain le musée Guggenheim, que tout le monde nous conseille (avec insistance) d'aller voir, sera fermé. Tant pis, les toiles exposées ne me tentent guère et je me passerai d'admirer l'architecture futuriste du bâtiment, qui semble être le principal attrait du musée…  

Une bonne dizaine de kilomètres plus loin, après un petit détour de quelques centaines de mètres pour atteindre un col modeste mais parfaitement répertorié, nous en sommes à chercher notre camping près de la côte. Devant nous, un voyageur cycliste cherche aussi : il circule en vélo couché, et il est chargé d’un matériel imposant. Après demande auprès des habitants du secteur dans un français émaillé de termes espagnols, nous atteignons l'entrée du camping, et, après avoir cherché le responsable, nous nous installons. Je déballe mes affaires de cuisine pour constater qu'il manque dans mon chargement les précieuses recharges de gaz. Évidemment, ce genre de choses doit être retiré des bagages avion. J'avais triché, c’est vrai, et, en retirant mes bagages, je n'avais guère fait attention à l'autocollant rouge placé sur eux. Je me trouve ainsi dépourvu de tout moyen de préparer le repas du soir. C'est notre collègue cyclo-campeur qui nous tirera d'affaires en nous prêtant l’une de ses recharges partiellement remplie.

En cours de discussion, il nous indique son projet : il vient déjà depuis Gibraltar, il prendra la même direction que nous jusqu'en France, et après avoir rendu  visite à des amis, il se dirigera vers le Cap Nord. Beau projet, en effet, et j'espère qu'il est arrivé à son terme. Son vélo couché et sans doute son entraînement lui permettent d'effectuer plus de 100 km par jour. À ceci près que les trajets trop montagneux lui sont difficiles. C'est beaucoup, et ça le contraint à suivre les routes côtières. Son vélo, par ailleurs, me paraît particulièrement lourd, et il existe sans doute des vélos couchés plus performants que le sien. Grâce à lui, donc, nous pouvons préparer le plat de pâtes vespéral qui sera notre quasi quotidien.

Premier soir, premier coucher de soleil et première nuit sur un sol sec. La nouvelle tente est plantée : à priori, plus lourde que l’ancienne et de piètre qualité, mais plus vaste et surtout plus haute : une vraie bénédiction pour les petits déjeuners ou les repas sous la tente des soirs pluvieux …

 

Le lendemain, lever et déjeuner par un jour ensoleillé … notre tente est malheureusement cachée des premiers rayons par l’ombre importune des multiples mobile-homes et constructions du site…

Nous rendons la cartouche de gaz généreusement prêtée par notre vaillant cyclo-voyageur et nous préparons  notre départ : ce sera, par l’intérieur du pays,  jusqu’à GUERNICA, de sinistre (mais artistique) mémoire, pour ensuite rejoindre la côte et le prochain camping au terme d’une bonne centaine de kms.

 

 

Au départ de Sospelana, nous nous dirigeons au plus droit en direction de MUNGIA avec notre chargement. Les routes sont larges, suffisamment pour ne pas être importunées par les voitures. Au passage, nous voyons quelques monuments, châteaux et surtout des églises imposantes et quasi fortifiées : nous recoupons fréquemment le Camino del Norte, l'un des itinéraires de Saint-Jacques-de-Compostelle. Nous plaignons les pèlerins qui ont choisi cette option : en effet l'itinéraire à l'air de suivre nombre de routes goudronnées.

Après Guernica, je modifie mon premier itinéraire pour aller rejoindre au plus vite la côte et la ville de Leikitio … Nous suivrons ensuite cette côte, sans grosses bosses jusqu’à Deba et l’entame de notre dernière montée (et dernier col) de la journée : guère plus de 200 m de dénivelé, mais bien assez après 110 kms à trainer nos sacoches !!! Le col franchi, l’accès à notre camping est bien trop descendant à mon goût : il nous faudra tout remonter demain matin. Arrivée et excellent accueil au camping : le paysage est désormais « basque » : superbe, des maisons typiques mais tout un lot de collines, côtes et bosses courtes et pentues….

Nous repérons soigneusement un endroit exposé au soleil du matin et nous vaquons à nos occupations du soir : douche et cuisson (rapide) des spaghettis quotidiens … en route, nous avons trouvé dans un supermarché l’essentiel : outre le remplacement des recharges de gaz, fromage, bière, vin et pâtisseries : on ne se soigne jamais assez …

 

Le lendemain, pour cette seconde étape espagnole, nous choisissons une route plus directe que celle que j'avais prévue à l'origine. Les bosses, en effet, en s'approchant des Pyrénées et du Pays basque, deviennent ardues et bien assez pentues pour nos vélos et nos charges.

Nous nous dirigeons donc par la vallée vers USURBIL et HERNANI. Il s'agit d’une route importante mais suffisamment large et avec une circulation relativement modérée : l'autoroute n'est pas loin et dégage les autres routes. D'Hernani nous continuerons la route vers Irun et Hendaye. Nous n'aurons donc que quelques côtes à passer , principalement dans les villes. Certaines nous verront à pied mais, malgré cela, nous arrivons à la frontière française à une heure raisonnable et nous nous dirigeons vers Hendaye. Le temps vire à la pluie, nous passerons, pour cette soirée, entre les gouttes mais le soleil nous a quitté.

Dès la frontière passée, nous sommes en butte aux fantaisies diverses des aménageurs routiers. Nous testons les itinéraires vélos partiellement fléchés, nous rejetant sur des routes dont la partie centrale est occupée par des balises plastiques séparant les deux voies. Chacune des voix étant très limitée en largeur, les voitures se trouvent « obligées » soit de nous dépasser en nous jetant sur les trottoirs ou les bas-côtés soit de nous suivre à une allure qui, dans les parties montantes, n'excède pas sept ou 8 km/h. La situation est aussi dangereuse pour nous qu'elle est irritante pour les automobilistes. C'est en pestant contre la DDE locale que nous essayons de trouver, dans les rues d'Hendaye, le camping que j'avais repéré avant de partir. Nous échouerons, en définitive, sur un autre camping  et nous nous installerons sans problème et avant la pluie du soir.