la montée vers le col



Le lendemain c'est le début du trek :

nous marchons déjà sur un semblant de piste, qui doit, néanmoins, être fréquentée par quelques petits bus. Effectivement nous en trouverons un en panne au milieu de la route : il arbore fièrement le nom de « Jésus Travels » et il est marqué de la Croix…  je trouve curieux cette présence chrétienne en terre népalaise mais bon... Nous continuons : pas de pluie, mais un temps bouché, nuageux, des flaques d'eau sur la piste et une chaleur moite qui nous fait perdre beaucoup d'eau. La vallée est encore large, pleine de cultures et bordée de falaises coupées par de très belles cascades. En chemin, des fleurs et des papillons, des maisons et des villages, et, comme c'est jour de fête, de grandes balançoires et des manèges réalisés avec quelques planches. Comme toujours au Népal, rien n’est plat, nous montons, nous descendons, nous franchissons des gués, jusqu'à la pause de midi qui sera la bienvenue. On se réhydrate, on boit du coca, et on s'accoutume à notre régime alimentaire habituel en trek : Dal Bath, nouilles avec ou sans fromage, et pommes de terre agrémentées de légumes cuits accompagnées de sauce forte. Nous aurions voulu aller un peu plus loin pour cette matinée, mais un de nos porteurs, le plus jeune, montre des signes de faiblesse et nous devrons attendre que l’équipe entière soit réunie. Nous arriverons néanmoins à l'étape prévue le soir à LAPU BESI : journée longue mais sans problème : la pluie nous a laissé tranquille presque toute la journée. Comme toujours sur le tour du Manaslu, lodge sommaire, comme les lieux d’aisances ou la douche, mais bon, nous étions prévenus…

 

Le lendemain,

nous devions monter jusqu'à JAGAT. Notre guide nous conduira en fait jusqu'à DOBHAN, l'étape que j'avais prévue étant en fait un peu trop longue (en fait, j’avais quasi doublé la distance à parcourir sur les premières étapes !!! un peu trop optimiste, au moins pour mes propres capacités …). La matinée, difficile, toujours en montée et en descentes successives, nous conduira jusqu'à Tatopani. Comme son nom l'indique (du moins c'est la traduction en népalais), il s'agit de sources chaudes. Celles-ci jouxtent le sentier, mais ce n'est qu'une fontaine, canalisée par quelques tuyaux en plastique et débitants une eau à plus de 40°. Douche pour ceux qui veulent, et nous attendons un long moment nos porteurs. Après déjeuner, nous attendons encore et notre guide décide d'envoyer les deux porteurs qui nous ont rejoint à la recherche du troisième. Pendant ce temps, nous rejoindrons notre étape de DOBHAN. Le lodge est plus que sommaires, et les toilettes, folkloriques, sont dotées d'une évacuation creusée dans la roche… Mais il y a de la bière, une nourriture bonne et saine, et la literie est propre (en fait nous n’aurons pas de problème avec cela pendant tout le trek …).

Après le repas du soir, nos porteurs ne sont toujours pas là, notre guide guette la route avec anxiété, et, finalement, nous finirons par nous coucher sans avoir récupéré nos sacs. À plus de neuf heures du soir, nos porteurs arriveront enfin, exténués, avec nos sacs. Le jeune porteur est tombé malade, il n'a pu suivre, et s'est arrêté non loin du départ du jour. Ses collègues ont donc dû redescendre une bonne partie de l'itinéraire prévu. Ayant fait deux fois le trajet, dont le retour en pleine nuit,  portant trois sacs au lieu de deux, leur retard s'explique largement. Nous sommes aussi inquiets de l'absence du guide assistant. En fait, je réfléchis, et je m'aperçois qu'il a certainement dû attendre à Katmandou la fin des jours fériés et la délivrance de nos permis de trek. Il n'a pu donc partir que deux jours après nous et il lui faudra bien sûr, quelque temps avant de pouvoir nous rejoindre !!! La prochaine fois, j’éviterai de débuter un trek à cette période, en pleine période de congés …

La défection du troisième porteur pose aussi quelques problèmes. Il est difficile de recruter sur place, sachant qu'il faudrait à ce nouveau porteur quelques jours supplémentaires pour rejoindre son point de départ. La solution sera trouvée avec l'accord des deux porteurs restants, qui se chargeront, ainsi que l'assistant guide lorsqu'il sera là, des sacs supplémentaires. Comme ils bénéficieront de la rémunération du porteur défaillant, cela ne semble pas leur déplaire !!! (en fait, nos sacs-porteurs ne sont pas très lourds – moins ou guère plus de 10 kg – et leur charge totale sera bien inférieure à celle des porteurs « professionnels » de certaines agences …)

 

Le lendemain, nous passerons JAGAT, mais au lieu de monter jusqu'à DENG comme cela était prévu, nous nous arrêterons à PEWA. Nous devrons également passer le Check-point à l’entrée dans le parc du Manaslu. C'est là qu'il nous faudrait montrer les permis de trek qui sont encore en route….

Le sentier monte, descend, rien n’est plat … j'ai perdu beaucoup d'eau à cause de la moiteur de ces jours derniers et je me sens un peu fatigué. La vallée devient plus étroite, toujours des cultures et de splendides cascades sur les pentes : un beau spectacle, un peu gâché par le temps médiocre. Les quelques gouttes de pluie, les nuages qui traînent nous cachent les hauteurs : dommage. J’arrive fatigué au Check-point…. Là, il faudra trouver une solution : l'assistant guide n'est pas là, les permis non plus et il faut négocier avec les militaires gardant l'entrée dans le parc… Ça occupera une bonne heure pendant laquelle nos camarades se mêleront aux népalais en train de «dépannouiller» le maïs.

À la fin du compte, les militaires accepteront de nous laisser passer, après que notre agence leur ait fait parvenir par fax la copie de nos permis de trek (bakchich ??)

Ouf, le problème est résolu (d’autres trekkeurs semblent être dans la même situation) nous reprenons notre route. Nous avons perdu un peu de temps et la route est encore longue. Nous finirons par arriver quasi à la nuit, après une très longue journée de marche. Cela dit, nous sommes passés par de très beaux et très authentiques villages, et, malgré le temps maussade, nous avons profité de belles vues sur les nombreuses cascades de la vallée.

 

Samedi :

Nous continuons toujours au-dessus du torrent, la vallée est de plus en plus encaissée, plus sombre, et de plus nous partons sous la pluie. Elle se calme rapidement, mais je suis toujours dans une très petite forme. Ça me fait un peu de souci pour la suite. De plus, j'imagine que les conditions au niveau du col doivent être encore très défavorables : avec toutes les précipitations, même si elle nous épargne la journée et ne tombe que le soir et la nuit, tout cela doit tomber en neige au niveau du col et celui-ci ne doit guère être praticable.

Mais bon, je me mets en route, un vague malaise, une envie de vomir, mais, au bout du compte, tout se remet en place au fil du parcours. La montée est assez constante, le terrain est moins cassant, et avec l'altitude, l'ambiance est moins moite, plus saine. Petit arrêt pour une boisson sucrée et quelques victuailles : en fait, ma méforme venait sans doute d'une petite hypoglycémie ou de quelques difficultés à m'habituer à notre nouveau régime alimentaire. La marche reprend à une allure plus satisfaisante et nous finirons par doubler sans problème d'autres trekkeurs. Bon lodge ce soir, avec possibilité de douche chaude tarifée 200 roupies. Toilette faite pour les uns, bière bue, pour tous, notre assistant guide arrive, et tout se réorganise au mieux, sauf les craintes que l'on peut avoir au niveau du temps et de la neige pour le passage du col.

 

Dimanche :

Le temps est toujours plus que médiocre et nos craintes sur les possibilités de passer le col dans des conditions correctes se confirment. Nous croiserons aujourd'hui des trekkeurs qui ont dû renoncer à boucler le tour et qui sont obligés de redescendre la vallée pour rejoindre Katmandou. Nous craignons qu'une telle chose nous arrive, d'autant que notre équipement n'est pas approprié pour une randonnée glaciaire : chaussures hautes mais à semelle souple, pas vraiment d’habits pour des températures très basses, et ni guêtres, ni cordes, ni piolets pour franchir une zone de neige ou de glace.

Cela dit, nous marchons, la vallée s'élargit et la montée devient plus agréable. Le paysage agricole nous montre des champs d'orge, nous traversons également des forêts de pins himalayens. En route, nous trouverons quelques népalais rassemblés autour d'un petit moulin et veillant sur la mouture de la farine. Arrêt en fin de matinée pour une montée vers un monastère et sa visite. Après déjeuner nous reprenons notre montée. Dans un village, nous croisons les participants à une course de montagne par étapes, qui parcourt 1000 km en 24 étapes (l' organisation et la plupart des participants sont français …). La dernière de ces étapes passant par le col, les compétiteurs nous indiquent que la trace passant au col est désormais bien faite. Nous espérons donc que nous pourrons nous passer le col sans problèmes dans quelques jours si le temps s’améliore encore …. Nous arrivons enfin à une altitude un peu conséquente, à plus de 3000 m, nous rencontrons nos premiers Yacks et nous arrivons en vue du village de Sama Gao. Il pleut à verse, il neige sur les pentes avoisinantes et nous craignons encore pour le franchissement du col.  Nous traversons le village sur un chemin qui disparaît sous la boue et les bouses de yacks. Bon lodge, chambres spacieuses, cyber café mais toilettes rudimentaires. Le prix de la bière augmente régulièrement, notre consommation diminue aussi régulièrement (il vaut mieux limiter notre consommation, pas forcément compatible avec une bonne acclimatation à l’altitude). Nos pensées vont vers le col et le temps qu'il fera demain. En effet, si le mauvais temps et la neige reviennent, il nous faudra prendre bientôt notre décision et, éventuellement, renoncer à boucler le tour en franchissant le col.