enfin, le trek ....


C’est donc le lendemain, avec un jour de retard, que nous entamons notre trek. Le sentier rive droite est peut-être aléatoire, et l’on nous conduit le long de la piste bordant la rivière. Les sentiers bordants celle-ci ne sont sans doute praticables qu’en saison sèche. Nous nous retrouvons donc à marcher, essentiellement sur la piste, qui, comme plus bas, est parsemée de chantiers de rénovation ou d’agrandissement. Pas vraiment le pied pour mes camarades… Pour moi, les petits soucis que je prévoyais sont bien présents : petites douleurs, mais surtout une grande difficulté à marcher à un rythme correct et de façon continue …Pas grave : à qqs distances du village de Chhusang, un bus Tata arrive : un signe et je monte dans le véhicule, déjà surabondamment chargé. Pas grave : on m’aide, on me débarrasse de mes bâtons de marche avant que j’ ai éborgné qqs-un, et l’on me fait une place sur le revêtement matelassé du compartiment moteur. Place de choix : position assise. Mes camardes du jour sont des trekkeurs népalais en route vers le Mustang. Nous essayons de communiquer, mais, comme d’habitude et à mon grand regret, dans la limite étroite des qqs mots d’anglais que je connais, et des qqs mots français qu’ils savent

Arrivés à Chhusang, l’on ne me demande rien pour le trajet et l’on m’indique le poste de police où j’attendrai mes amis. Il leur faudra une bonne heure pendant laquelle j’essayerai de communiquer avec les agents en poste : une dizaine, dirigé par leur capitaine… Communication difficile, selfie avec l’un des policiers et notre petite troupe ayant rejoint le restaurant prévu pour le midi, je les quitte.

Pour l’après midi, je reprendrai la marche jusqu’à Chele, le long de la rivière d’abord, puis par une petite, mais rude montée jusqu’à notre lodge du soir. Nous nous familiarisons avec la « carte » standard de l’année : Dal’ bat (mais nous avons du mal à en user à tous les repas), momos, cuisine indienne, mais aussi spaghetti (sous des formes et qualificatifs divers … et même parfois qualifiés de « lasagnes ») pommes de terre (y compris frittes « à la française ») ou pizzas locales ….  Concrètement, les spécialités locales seront parfois (et même assez souvent) négligées au profit des imitations de cuisine italienne… Ce n’est pas que nous ne voulons pas nous mettre aux habitudes locales, mais notre organisme s’accommode mieux de mets « à l’européenne » !!! Au bilan de cette première journée : un peu trop de piste au gré de mes amis, et, pour moi, en prévision de la longue journée du lendemain, la nécessité d’effectuer le transfert en Jeep locale. Courte soirée et excellente nuit.

 

Départ le lendemain pour Sanbotche et Gilling … Pour moi, j’emprunterai la jeep locale, partagée avec 10 ou 11 voyageurs locaux (au moins, 1 ou 2 à côté du conducteur, 4 sur la banquette AR et 3 ou 4 sur les sièges étroits situés dans le coffre ) … les consignes sont données : on s’occupera de moi jusqu’au lodge du soir … pas de problème donc pour moi, mais, en route je me fais qqs soucis pour mes camarades : les flancs de la montagne sont truffés de chantiers divers, visant à l’établissement d’une route principale reliant le Népal à la Chine. Des pistes sont creusées en tout sens, conduisant aux différents aménagements prévus : murs de soutènement de la route prévue, route elle-même, dégagement des pentes menaçant le chantier. Les pistes et sentiers ordinaires ont pu être coupés ou détruits par tous ces travaux et je croiserai, en route, des trekkeurs réduits à suivre les contours de la piste que nous empruntons … Cette situation ne conviendra sans doute pas à mes amis, venus là en espérant parcourir de « vrais » sentiers ou chemins de montagne.

 

Pour moi, le parcours se déroulera au mieux (enfin, dans la mesure du possible…) Tout un secteur de la piste s’avère impraticable : 4 ou 5 kilomètres, entrecoupés de torrents, sont à parcourir à pied. Ma cadence de marche s’avère rapidement bien inférieure à celle des locaux : on m’attendra, m’aidera dans la traversée des torrents coupant la piste et, finalement, je serai invité (500 roupies, mais bon …) sur un tracteur agricole ralliant le village suivant et le lodge prévu pour le dal’ bat de midi. Il est vrai qu’en route, une douleur persistante au genou est venue limiter encore mes capacités et annihiler mes envies de poursuivre le voyage sur mes pattes de derrière. C’est à l’issue de cette pause que nous changerons de jeep et reprendrons notre route au moment précis où mes amis trekkeurs apparaissent, cheminant sur la piste même. Nous nous retrouverons le soir au lodge : mes compagnons font grise mine, après une longue journée parcourue entièrement sur la même piste que moi, sans avoir pu emprunter, ni vu, le sentier prévu et le temple qui devait être visité … Même si la pratique semble bien être la pratique commune des autres groupes de trekkeurs, cela ne nous plaît guère, d’autant que Jean Pierre et Phillipe sont des « montagnards » aguerris, pas tout à fait près à être traités comme des promeneurs « lambda » …. On parle à mon ami Surya … qui se mettra ensuite à l’unisson de leurs capacités et fera quelques entorses à la conduite « ordinaire » d’un groupe « ordinaire »... C'est l'avantage d'être "en confiance" avec notre guide, ce dernier ayant comme souci de nous faire plaisir plutôt que de se retrancher derrière les pratiques communes ou une "sécurisation" maximale de la randonnée ....

 

Pour la suite, passé ce secteur peu attrayant, nos amis retrouveront les chemins muletiers et sentiers de montagne espérés … Le ciel est toujours un peu bas pour dégager les sommets : nous (ils) ne verrons du Mustang que les monts ou pentes n’excédant pas les 4.000 m d’altitude, plafond quasi constant de la couverture nuageuse, certes belle, mais un peu encombrante. Pour moi, après un peu de marche, c’est à nouveau une tirée en jeep locale qui m’attend, passant par Ghemi et Tsarang, pour atteindre Lho Mantang, la capitale de cet ancien royaume. Je quitte donc mes amis pour une paire de jours : eux irons ce soir jusqu’à Dhrakmar et ne me rejoindrons que le lendemain. Le trajet, pour moi, s’effectuera sans problème, avec de nouveaux compagnons locaux, aguerris, eux, aux voyages inconfortables dans un véhicule surpeuplé. Mais ils sont joyeux, sympathiques, attentionnés autant que faire se peut … A défaut de trekking, j’aurai voyagé, et me serai un peu plus mêlé à la vie locale : ça compense !!!