le bout du monde ....


J’arrive, pour ma part, à Lho Mantang muni seulement de la carte m’indiquant le nom du lodge prévu … Quelques centaines de mètres en ville avant de voir arriver mon sympathique logeur qui m’installera, en l’absence d’une nombreuse clientèle, dans une magnifique chambre avec « salle de bains incluse », le luxe (douche, WC à l’occidentale, grand lit). Bien installé, je fais quelques pas en ville : peu de touristes, mais de nombreuses sollicitations : magasins de souvenirs, mais aussi l’échoppe d’une peintre qui retient mon attention et que je me réserve pour mes achats du lendemain.

Mes amis ne tarderont guère et me rejoindrons en début de l’après-midi suivante. En plus d’eux, arrivera un « gros » groupe d’anglo-saxons voyageant avec cuisiniers et serveurs personnels et un sympathique couple de français accompagnés de leur guide. L’arrêt prévu à Lho Mantang était de deux jours complets, avec visites multiples de temples et monastères. Comme nous avons pris un jour de retard au départ, nous envisageons de ne rester dans cette « capitale » qu’une seule journée, en limitant nos visites à un groupe d’habitations troglodytes et aux seuls temples de la ville

De plus, nous sommes un peu inquiets sur la suite de notre itinéraire : C’est la mousson, j’en avait mal mesuré l’incidence, tout ce que j’avais pu en lire indiquant que la chose était possible, mais sans en préciser les conditions. En fait le trajet entre Lho Mantang et Chhuksang ne se fait qu’au prix de trois longues étapes, entrecoupées de rivières ou torrents, aucune équipe de trekkeurs n’est passé récemment et nous n’avons aucun renseignement sur la faisabilité de la chose. Les autres groupes présents ont, eux, tous choisi de rejoindre la piste après un seul jour sur ce trajet. La réflexion sur la suite du trek occupera notre séjour dans la capitale du royaume … Jean Pierre est un peu déçu : trompé par l’appellation de capitale, il imaginait autre chose que ce qui ressemble à un gros village de nos provinces d’il y a quelques siècles. Le lendemain, il a plu. La rue principale est un bourbier, emprunté par les troupeaux de vaches, coupé en son milieu par un canal charriant les eaux d’un ruisseau et tous les effluents possibles. An centre du bourg, un « quartier » de bâtiments, serrés les uns contre les autres à l’instar de nos « bastides » occitanes et comprenant palais « royal », temples, monastères ou habitations. Les rues sont étroites. Nous visiterons deux temples, mais la chose a ses limites : certes, de belles et très anciennes peintures, en cours de restauration, des statues, des Boudhas et un office en cours, trompes et cymbales comprises…Mais il fait sombre : les détails échappent, et puis, surtout, la religion, ses mythes et ses rites nous sont étrangers …Comme dans le poème : « et si j’y tenait mal mon rôle, c’était de n’y comprendre rien. »

 

En bref, passé l’impression première et générale, nous n’avons guère envie de multiplier les visites ni d’envisager une initiation complète au culte et à une religion qui nous paraît singulièrement complexe …

 

Le matin, pluvieux, nous avions loué les services d’un 4x4 pour aller visiter un site et un village troglodyte : c’est à pas mal de kms sur une piste : nos amis ont donné !!! Visite agréable : nous comprenons les choses, et puis, le spectacle du Mustang est là : de grandes falaises de toutes les couleurs : marnes irisées, sans doute, des pentes ou falaises parfaitement blanches ou virant au rouge. Les bâtiments et les pierres peintes, les pentes d’éboulis grèseux, creusés profondément en canyons, ou laissant en relief des « cheminées de fées », et puis, au près des habitations, de superbes parcelles de cultures aux contours harmonieux. En fait, c’est tout cet environnement, les paysages qui accompagnent notre périple, qui font le caractère unique et l’attrait des lieux

 

Nous conclurons cette journée de « repos » à Lho Mantang par une visite au peintre officiant en face de notre lodge et y ferons nos premiers achats de souvenirs… Le soir sera consacré, en l’absence de tout renseignement précis sur l’itinéraire à venir, à définir notre stratégie pour la suite. En fait il est décidé de tenter l’itinéraire « par la montagne » en négligeant le jour de « visite » prévu à LURI GOMPA, de manière, en cas de problème, de garde le temps pour faire marche arrière. Quant à moi, il me faudrait quitter mes camarades pour plusieurs jours, j’ai du mal à m’y résoudre. Du coup, l’on prévoit pour moi un cheval et son conducteur… Reste simplement à vérifier la compatibilité de mes blocages articulaires avec ma tenue sur l’animal … L’essai prévu n’aura lieu qu’à quelques minutes du départ et je n’aurai de choix qu’à essayer de tenir sur la bête en essayant de chasser de mon esprit les douleurs diverses liées à ce mode de déplacement.

 

Départ, donc, avec, cette fois ci, un jour d’avance sur le projet initial, en direction de Dhi, par un joli sentier sur l’arête d’une montagne, avant une descente très raide sur le village. Je pars donc sur ma monture, sous l’œil perplexe voire goguenard du groupe de trekkeurs anglo-saxons …Baste, je les retrouverai, dès le lendemain, eux même juchés sur de semblables montures …  J’ai quelques peines à assurer mon assise sur la bête : entre un écart de jambes insuffisant et des lombaires m’empêchant de me projeter en arrière, il me faudra quelques arrêts et séquences « marche à pied » et notamment dans la descente sur le village de Dhi (près de 600 m de dénivelé dans un canyon tout à fait spectaculaire). Mon chargement sur la bête, comme mon déchargement s’avèreront des plus compliqués, n’ayant ni l’habitude, ni la souplesse minimale requise pour l’exercice … deux hommes finiront par être nécessaires … Nous déjeunerons à Dhi, puis, après la traversée du pont sur la « Mustang Khola », je reprendrai place sur mon cheval qui me fera remonter la rivière, pieds au sec, jusqu’à notre lodge du soir à Yara. Le lodge est rudimentaire, le village, lui, est dépourvu d’électricité et privé d’eau depuis un mois. Nous sommes accueillis par les vendeurs de souvenirs : un peu accrocheurs : ils n’ont vu personne depuis pas mal de temps … Peu de confort, donc, ce soir et pas, non plus de renseignements fiables pour la suite.

 

Je choisis, compte tenu de mes difficultés d’adaptation à l’équitation, de rejoindre Dhi, puis de remonter sur Tsarang pour y retrouver un moyen de transport plus facile pour moi. Cette fois, mon épouse m’accompagnera pour ces deux jours.

 

Au matin, je laisse la pratique équestre à mon épouse, qui, elle, n’aura aucun problème pour se tenir sur ce superbe et doux animal. Nous sommes accompagnés, pour cette fois par notre assistant guide, qui deviendra un peu et jusqu’à la fin du trek, mon « assistant de vie » :  Cela facilitera les communications avec notre « conducteur de cheval », puis les logeurs ou loueurs de jeep nécessaires. Après une nouvelle marche dans la « Mustang Khola », puis le long de la rivière, de quelques heures, je demande une pause : Nos hommes sont pressés, surtout le « maître – cheval », désormais convaincu qu’il ne sera payé que pour 2 jours au lieu de 4 et qui semble pressé d’arriver à Tsarang suffisamment tôt pour rentrer chez lui le soir même …C’est, du moins, ce qui me paraît évident. Après quelques courts instants, on me suggère de remonter sur la bête … C’est sur ma monture que j’aborde, déjà un « mini saut d’obstacle » quand un pylône électrique effondré barre le chemin, puis une longue et rude montée dans un gravière avant le plateau sur lequel est édifié le village (pauvre cheval – il fait qqs arrêts dans la côte, je le flatte et le console autant que je peux, mais franchement, heureusement qu’aucun membre de la SPA ou défenseur de la cause animale ne traînait dans le secteur !!!). Nous nous installons dans un bon lodge pour cette soirée, après une arrivée remarquée (la méthode particulière de mon déchargement devant le lodge fit la joie de notre hôtesse). Installation, Josette fait un petit tour « en ville », où l’on tourne un documentaire sur le Népal, notre accompagnateur nettoie soigneusement ses chaussures, trempées après notre passage dans la rivière. Moi, après avoir largement rétribué mon conducteur et son cheval, je pense à mes amis, suis inquiet de savoir si oui ou non ils pourront passer la rivière de Tangge et continuer sans problèmes vers Chhuksang, le village où, demain, nous devrions nous retrouver

 

En fait, le récit qui m’en sera fait ne méritait pas cette inquiétude… Il y eu, bien sûr, l’épisode de ce pont, tout neuf, jeté au-dessus du torrent, mais dépourvu de l’escalier qui aurait permis la continuité du sentier. Il leur a fallu faire un peu d’escalade, sur terrain sec il est vrai, mais quand même, l’exercice était un peu particulier pour un trek népalais classique. Tangge, en revanche, leur fit un bon accueil, avec lodge et danse traditionnelle par les femmes du village. Enfin, la longue étape suivante fut avalée sans problème, sans autre difficulté que sa longueur.

 

Pour nous, ce fut à nouveau 4x4, particulier, donc « confortable », mais pas vraiment du goût de Josette…