30/03

30 mars : la colère, et après ?


 

Le petit ballet moderne qui nous a été proposé avant-hier a eu, au moins, le mérite de faire se lever beaucoup de colères … nous avons failli être majoritaires. Failli, seulement, il y aura toujours une bonne majorité d’indécrottables optimistes qui, accrochés à des planches pourries, pensent pouvoir rejoindre la rive, après avoir cru longtemps que le Titanic était insubmersible. Ils ont aussi cru que le vieux Maréchal allait sauver la France, que le grand Charles les avais compris, que Barre était le meilleur économiste de France ou autres fadaises. Je vous laisse terminer la liste, je n’aimerais pas que l’on me croisse partisan.

 

Mais, à part eux, que de grosses colères.

Rattrapés de plein fouet par l’accélération récente des suppressions d’hôpitaux, les réductions de personnels hospitaliers, le spectacle désolants d’Ehpad gérés avec avarice ou la destruction des réserves sanitaires d’intervention, nos petits maîtres avaient chaud aux oreilles.

On leur promettait la corde, au moins : il est bon de rêver, même quand on est de nature pacifique. Rêver, ce n’est pas grave : je me rappelle cet ami, opposé de toujours à la peine capitale, qui, remué par une affaire sordide de viol et de meurtre, me disait : « je suis contre la peine de mort, mais quand même, on pourrait leur arracher les couilles … ».

 

Je suis plus mesuré : après tout, ce ne sont que des tricheurs et j’imaginais plutôt, pour eux, le traitement que l’on réservait, dans les bandes dessinées, aux tricheurs du Far-West : le goudron, les plumes, et, à cheval sur un rail porté, reconduite aux frontières de l’état.

Bref, les gens étaient en colère, et gare à l’après pandémie. C’est bon de rêver, mais je suis un peu dubitatif.

 

L’après sera un grand soulagement : on fleurira les tombes, quelques aides ou facilités permettront aux confinés les achats qu’ils n’avaient pu faire. Pour beaucoup les affaires reprendront leur cours, avec encore plus de frénésie. Côté économie, je suis même plutôt optimiste. La vertigineuse chute des indices boursiers d’hier est bientôt oubliée, l’or se stabilise et les échanges, hausse ou baisse quelle importance, mais faits en nombre et à la vitesse de l’éclair, sont toujours aussi rémunérateurs. En Europe, on arrivera bien, lignes de crédit à l’appui et avec quelques aménagements à se refaire une monnaie unique présentable. Le principal, c’est que l’argent reste où il est toujours allé. On marquera les jalons de cette crise : quelques suicides de banquiers, et, pour les autres, une plus grande précarité et des mesures autoritaires : il en a toujours été ainsi, d’après certains.

 

Une autre issue ? j’ai peine à y croire… Perso, j’ai été élevé successivement, dans la religion (apostolique, catholique et romaine, faut pas déconner ...), dans le respect de la politesse, de mes instituteurs et des anciens, puis encore des principes républicains, des droits de l’homme, de la République et même des institutions, pour finir bêtement socialo, puis écolo ou enfin, par dépit, anar, mais tendance Proudhon (une rareté).

 

Avec tout ça, quand je regarde nos dirigeants, grands acteurs politiques ou économiques et chroniqueurs mondains, je me dis que décidément nous ne sommes pas du même monde (et pas seulement côté rillettes, dixit la pub.) En fait, comme dans certains films, nous vivons dans des univers parallèles. Le nôtre, demain ? si tout va bien, à l’écart du leur en tout cas, j’en rêve : nous d’un côté, heureux, décroissants et solidaires et eux, comme des cons, boursicotant en télé travail dans un paradis fiscal, friqués mais à la merci d’aléas économiques par eux eux-mêmes provoqués. Juste un rêve, comme le wagon rose, rêvé pour l’hiver par un certain Rimbaud, mais je n’y crois pas beaucoup.

 

Plus réaliste et plus immédiat je pense au directeur de notre ARS, lui qui, avec l’aide de politiques influents, a supprimé toutes les (petites ?) structures hospitalières du département, les transformant en asiles de vieux, jeté les parturientes sur les routes, réduit drastiquement les capacités des services d’urgences et tout récemment refusé d’indiquer notre score épidémique départemental. A cheval sur un rail, couvert de goudron et de plumes, je me verrai bien, avec quelques amis, le portant outre Brenne (d’après un ami, c’est notre frontière…)

 

Fini de rêver : je retourne à mes occupations ; Il fait une bise et un froid de chien : heureusement que l’on est confiné !

 

A+ …

 

ah ! on m’envoie ça, que j’adore :

https://www.facebook.com/elpulpoproducciones/videos/1460450287447974/?v=1460450287447974