10/04

Vendredi 10 avril : comme au théâtre ...


 

Hier, le Roi réfléchit peu, sa fougue le porta à corriger au plus vite ses récentes maladresses : il lui fallait montrer son souci de la santé de ses sujets, et l’importance qu’il portait aux mesures par lui-même édictées.

 

Afin d’éviter toute représentation fâcheuse, il ne s’entoura, dans ses visites et pour en faire rapport, que de ses seuls portraitiste et chroniqueur personnels.

 

Il fut, en premier lieu, dans un prestigieux institut où travaillaient maints savants et docteurs. On le vit, lui-même en revêtir cape, bec et coiffe, vêtements peu majestueux, mais propres à se garantir des assauts du mal. Ensuite, on le montra se faisant acclamer par cette noble assemblée.

Plus tard, il fit long et rapide voyage afin de consulter le célèbre docteur et mage officiant dans le Sud. Rien ne filtra de leur entrevue, mais elle eut l’effet de susciter colère et crainte au sein de la faculté qui redoutait que le Roi ne s’immisce et arbitre leurs savantes querelles.

 

On s’agitait beaucoup dans ces milieux-là, malgré l’urgente nécessité de combattre le mal et de rassurer le peuple. Mais, beaucoup, parmi les sujets, se rappelaient le tableau tragique de ces médecins assemblés discutant encore du remède alors que feu le Roi on acclamait déjà le nouveau.

 

De retour, il se mis à l’ouvrage, afin de préparer son adresse d’après Pâques… mais il songeait surtout aux vicissitudes de la royale cassette.

 

Les ministres, eux, s’agitaient en tout sens …. Celui des polices n’en finissait pas de rappeler ses édits, fustigeant les prévôts timorés, mais obligé de contredire parfois l’action des plus prompts à le suivre, tant et si bien que nul ne savait comment le bien servir. Le Médecin Royal, entre faux espoirs, faux chiffres et disputes savantes sur le port d’un petit masque ne faisait naître que doute et confusion. Quant au héraut du Grand Conseil, il allait de drôleries en bévues.

 

Le peuple, entre lassante immobilité et crainte devenue habitude, regardait Roi et Ministres comme s’il s’était agi d’un théâtre enfantin.

 

Chez nous : Grand beau, chaleur de Mai et vent du Sud.

 

Normalement, c’était le jour de départ pour nos traditionnelles « flèches » ou descentes pascales en direction de la concentration cycliste de « Pâques en Provence » … une longue tradition... pour nous plus de 40 ans.

Nous aurions dû, sur le modèle des récentes années, prendre la route dans l’après-midi, en direction de la vallée du Suran, d’Ambérieu en Bugey, puis de Vienne et enfin, dans la nuit, entamer la descente de la vallée du Rhône par la Nationale 86.

Il aurait fait chaud, même la nuit, mais ce n’aurait pas été un avantage : le vent du Sud faiblit rarement et nous aurait été contraire : on ne peut pas tout avoir ….

 

On verra l’année prochaine, si je suis encore un peu en jambes !!!

 

Autre Vendredi – Vendredi saint d’il y a bien longtemps, ma sœur me le rappelle : j’ai 3 ans, je cours et tombe d’un muret : jambe brisée. On me charge dans une petite remorque. Ensuite, la rue Regard, ma mère, en courant (la seule fois dont je me souvienne), me conduit à l’hôpital.

 

A Demain,