15/04

mercredi 15 avril : confusion ...


Dans le royaume :

 

Le roi avait parlé, seul devant tous. Tous, le lendemain, prirent la parole, ensemble et en grande confusion.

Dans ce vaste théâtre, côté Cour, on tenta d’éclaircir la parole royale en évoquant le retour des enfants aux écoles, les écueils pouvant survenir dans la fourniture de petites protections, ou, sans les évoquer, les étapes à suivre avant un élargissement définitif des sujets.

La Faculté, elle, n’en disait pas plus que le Roi, orpheline de potions miraculeuses et empêtrée qu’elle était dans les théories échafaudées pour masquer les misères de l’hôpital. Ailleurs, on se battait entre tenants d’une contamination générale et, à terme, protectrice et ceux qui voulaient l’endiguer.

Pareillement, on se chamaillait entre partisans de l’une ou l’autre des approximatives potions essayées ici ou là. Dans cet obscur brouillamini, chacun, jusqu’au dernier vilain voulait avoir sa part et la confusion était à son comble.

 

Les carabins, aux hôpitaux, faisaient au mieux, avec grands efforts et au péril de leur vie ou santé. On les admirait, bien sûr, mais surtout on maudissait ceux qui les avaient plongés en si grande pénurie. La perspective d’une grande liberté pour les plus âgés était si lointaine que nos vieillards mourraient de componction plus que du grand mal et l’on en ressentait grande tristesse.

 

Le peuple, lui, disait peu et pensait beaucoup. Il craignait pour l’ouvrage et son maigre salaire : on avait, à cet égard, plus que ravivé ses craintes.

Il voyait aussi, dans les royaumes voisins, des perspectives plus heureuses. La très catholique Espagne, pourtant durement touchée par le Mal, commençait à desserrer un peu le collier de ses sujets, leur distribuant de petits masques. D’autres royaumes, issus du Saint Empire, faisaient de même. Les enfants de contrées nordiques reprenaient déjà le chemin des écoles.

Et le peuple, prenait ainsi conscience de l’abîme dans lequel l’avait plongé des erreurs passées mais aussi celles, récentes, du Roi et de ses Ministres.

Dans cette grande confusion, sans vraie révolution, se délitait à l’extrême le pouvoir royal et l’on se prit à penser : a-t-on besoin de si piètres ministres ou d’un tel Roi … Du moins, quitte à se défaire de celui-ci nous n’aurons pas besoin, contrairement à son lointain aïeul, de lui trancher le col.

 

Mercredi :

 

Chic, les éboueurs sont passés, un souci de moins. Cet après midi je mets en bouteille ma seconde brassée de bière. J’ai trouvé, hier, un magasin de bricolage ouvert et j’ai pu acheter de quoi repeindre la barrière de mon balcon …. Avec tout ça et mes faibles capacités, j’ai de quoi m’occuper pendant pas mal de jours, c’est déjà ça. Côté PTT, on m’a livré une quantité supplémentaire de poudre de quinquina : de quoi assurer mes infusions et grogs futurs : ça peut me faire que du bien et puis, ça donne l’impression de faire quelque chose … C’est comme la foi : totalement irrationnel mais ça apaise …

 

Allez, il est temps : à demain …