23/04

jeudi 23 avril : aux calendes ...


Le Roi :

 

On ne parla que fort peu de son escapade bretonne.

 Certes, on fit portrait de lui, chaussé de bottes de paysan, entre les rangées de légumes d’une prospère et moderne exploitation. On fit aussi rapport de ses paroles, mais le bon peuple savait déjà ce qu’il devait quotidiennement aux croquants qui le nourrissait, aux serfs besogneux et aux valets d’épicerie qui le servait. L’image était faussée et l’initiative royale sombra dans l’indifférence.

 

Parlant ensuite de la fin de l’enfermement général, il ne fit que reprendre les mots et sinistres prévisions de ses ministres, qui, pour l’essentiel, renvoyaient aux calendes les espoirs de pleine et bonne liberté.

 

Dans le royaume :

 

On attendait, avec maigre espoir, les prévisions du Grand Conseil sur les lendemains du grand Mal et le retour à belle vie et pleine liberté.

La déception fut grande : on vit beaucoup d’incohérences dans les déclarations des ministres, on retint surtout la grande volonté du premier conseiller à tenir bien serré le licol et à n’en dégager que la ligne qui tirerait, vaille que vaille, le pays au travail.

Sous les dehors de préserver les sujets de maladie, on limiterait leurs voyages aux seuls contrées ou districts d’où le malin s’était retiré, les autres devant attendre.

La chose était un peu arbitraire, et, comme il se disait aux frontières de la Comté : « Alors, santé chez nous et miasmes outre Brenne ? liberté pour nous et bressans enfermés ? et pour longtemps interdiction de franchir la rivière ? » …

 

Il n’y avait pas que ça qui semblait fol. Ainsi, on expliquait fort gravement et le visage fermé que le royaume ne retrouverait vigueur et santé qu’à la condition que beaucoup, ayant subi les assauts du mal et l’ayant vaincu, n’en soient protégé. La chose était étrange alors que, en nous tenant enfermé, on voulait précisément éviter que le plus grand nombre ne les subisse.

 

Et puis, on lanternait sur l’obligation de porter masque et tenir enfermé ses germes et humeurs afin de protéger les autres.

L’académie des savants médecins s’était pourtant enfin prononcée de façon nette dans ce sens. Mais n’ayant établi normes et qualité pour tous modèles, on ne disposait que de peu de masques ainsi brevetés. Les apothicaires, jaloux de leur licence, ne pourraient en délivrer à tous et l’obligation souhaitée par nos savants ne s’appliquerait que bien plus tard, et seulement dans les calèches portant les ouvriers à leurs métiers.

On voyait bien que ces aberrantes déclarations ne servaient qu’à éluder erreurs et manquements anciens.

 

 

Du côté de la Faculté, on n’en pouvait mais. On cherchait mais ne trouvait, les échéances étaient lointaines et sûrement couteuses. On ne faisait qu’éditer chiffres et nombres, appuyant sur les plus sinistres et en évitant surtout celui des récents et nouveaux malades, dont la baisse désormais établie pouvait faire naître des espoirs contraires aux vues des gouvernants.

 

Elle s’égarait aussi parfois. Elle s’était gaussée de médecins faisant état de remèdes utilisés avec quelques succès, mais découverts de façon empirique et utilisés sans leur accord. Mais voilà que la faculté elle-même entrait dans ce jeu, se basant sur l’étrange constatation, tout à fait fortuite, de ce que les amateurs de l’herbe à Nicot soient protégés du mal. On se dépêchât d’en proposer l’étude.

 

Entre incohérences, atermoiements et menteries, le peuple avait le sentiment qu’on le prenait pour bien plus sot qu’il n’était.

 

Chez nous :

 

J’enrage …. Le 11 mai, c’est loin, ce ne sera, au mieux, que dans le département (on est cerné de départements infectés !!!) Pour la suite au mieux le 15 juin : je ne vais pas pouvoir tenir… En plus, le sentiment que nous sommes pris pour des cons, que l’on veut nous tenir serré, sur la base de règlements imbéciles, contraires à tous nos principes sacrés, constitutionnels … Une furieuse envie de traiter nos dirigeants de connards, mais ne nous trompons pas : 15 ans d’études et un QI qui est peut-être supérieur au mien, leur imbécilité est feinte.

 

Il y a des gens qui pensent à Orwell et 1984 (on a déjà gagné 36 ans… mais bon) – en fait, il s’était lourdement trompé : ce n’est pas Big Browser... c’est simplement une connardocratie : gouvernement par des connards pour des connards … J’aurai du mal

A demain, portez vous

 

En prime, toujours de Desproges (c’est lui qui m’inspire ou m’amuse en ces temps troublés ..)

 

https://www.youtube.com/watch?v=UbDD1NMf_k4