10/05

dimanche 10 mai : fin d'étape ...


Chronique du Royaume :

 

Ce dimanche, le peuple s’éveilla pour ce qu’on lui avait promis comme fin de son enfermement. Mais il s’agissait tout au plus d’un dernier jour avant son retour aux ateliers.

En dépit, le moment était opportun pour rappeler et penser à cette curieuse et inédite parenthèse, comme aux édits et proclamations qui l’avaient accompagné. Comparé à deux de nos plus proches voisins, notre état n’était guère flatteur. On y comptait là-bas bien moins de défunts, alors que l’on y ouvrait, certes avec prudence, déjà les estaminets et auberges. Chez eux, nulle limite n’avait été mise à leurs voyages pourvus qu’ils fussent seuls et qu’ils s’écartent afin de ne pas semer miasmes. On les avait d’ailleurs encouragés, par sains exercices, à fortifier leurs corps pour mieux combattre le mal. On ne surveillait, dans ces pays, que le respect des bonnes pratiques : se tenir à distance ou se couvrir le visage. Dans chaque district, les représentants élus avaient licence pour prendre toute dispositions utiles en fonction des circonstances du lieu ou reprise de la maladie. Chez nous, tout avait décidé d’en haut et pour tous, sans nulle appréciation locale. On avait surtout taxé ceux qui avaient, même de peu, allongé la longueur de corde qui le tenait prisonnier. Croyant trop peu en son esprit, on avait répété à l’infini les bonnes pratiques, mais d’une voix neutre et si souvent que ce n’était plus que berceuse pour petits enfants.

 

Le bon peuple se remémorait aussi les épisodes de la maladie et les proclamations qui l’avaient jalonnée. On était passé de simple fièvre de saison au mal absolu. On avait changé de Médecin du Roi en pleine affaire, l’envoyant briguer une fonction subalterne à la place d’un comique flétri d’une graveleuse histoire. On avait aussi, faute de becs, masques ou capes, envoyé à trépas carabins et hospitaliers. Quant au bon peuple, on lui avait servi calembredaines au sujet de l’utilité des petits masques comme à celle d’examens et de soins attentifs aux premiers signes du mal. Mais surtout, par conduite incertaine, refus de vérité, menteries égales à celles de petits enfants pris la main dans le bocal de bonbons, déclarations parfois simplement sottes, on s’était couvert de ridicule.

Encore plus que sa désastreuse gestion, ce ridicule tuait le crédit du Conseil. Quant au Roi, il avait perdu la sympathie de beaucoup. Les choses allaient à vau l’eau et pour les prochains mois, avec la reprise attendue du grand mal, de noirs nuages planaient.

 

Chez nous :

 

Dernier jour et mauvais temps attendu … Joyeux, mais sans plus

En clip de fin, une rêverie qui aurait pu meubler la longue parenthèse de notre confinement (ou la première phase de celle-ci …)

 

https://www.youtube.com/watch?v=2X6nkTKTsMk

 

A lundi (le 11 !!)