21/05

jeudi 21 mai, Jour de l'Ascension : tous fous ...


Alors que l’on fêtait petitement l’ascension de Christ, peu de bonnes nouvelles aux gazettes.

Le Conseil se penchait et consultait sur les suites de la Convocation des états, que l’on avait si maladroitement lancée quelques jours avant l’enfermement du Royaume et le déchaînement du mal. Faute d’en avoir terminé les travaux, on avait créé grand imbroglio, avec échevins déjà nommés, d’autres en passe de l’être et certains encore à élire. On règlerait la chose à la fin du prochain mois, ou, à défaut, il faudrait refaire, l’année qui suit, nouvelle Convocation générale. Si la pratique paraissait acquise, les choses, en droit, avaient de quoi rendre fou le plus expert des Chats Fourrés.

 

Le Médecin Royal, lui, faisait avancer le projet de rénovation des hôpitaux. Il assurait aux Carabins et à leurs aides, eux qui avaient si vaillamment combattu le fléau, qu’il ferait tout pour leur donner bons moyens et meilleure solde. Les convaincre était tâche difficile, après des lustres où, malgré implorations et protestations, ils avaient vu la dégradation de leurs maisons, de leurs moyens et même de la considération qu’on leur témoignait. Pire, on connaissait la teneur des études circulant au sein des cabinets de ministres. Il n’était nullement question de puiser profond dans la cassette royale, elle qui serait bientôt durement attaquée. Sans nul doute, il s’agirait plutôt de s’acoquiner avec banquiers ou bourgeois, de s’en faire partenaire et, œuvrant en commun, assurer aux uns de beaux établissements et, aux autres, juste retour en rémunération. On savait depuis longtemps que le profit de ces autres n’allait que rarement avec plus grand nombre de gens, gestion paisible, soins généreux et actes de charité chrétienne. Mais, au Conseil, on espérait que le Peuple serait dupe une fois de plus.

 

Dans les manufactures, la finance manquait déjà et l’on craignait faillite. La grande manufacture royale de coches, malgré de bonnes aides, songeait à renvoyer bon nombre d’ouvriers et à fermer plusieurs ateliers. D’autres manufactures suivraient, la misère guettait. On avait fait projet, avec le Saint Empire, de faire front et d’aider les royaumes d’Europe en bonne solidarité et fraternité : une situation aussi exceptionnelle l’exigeait. Les états de l’ancienne ligue des villes de la Hanse protestèrent, rappelant les rigoureuses et communes lois de commerce qui avaient fait leur prospérité.

 

Pour le reste, les gazettes allaient leur train, toujours dans le sens que le Conseil souhaitait, faisant craindre le retour du grand mal, fustigeant d’imprudents rassemblements et de petits désordres, montrant le petit peuple comme incapable. Mais à le prendre pour fol, ceux qu’il avait désigné comme maîtres ne pouvaient être que Rois des Fous, comme ces niais que l’on exhibait en Carnaval.

 

Chez nous :

C’était juste un entrefilet dans les nouvelles d’hier. Réglementation (européenne, je crois) interdisant totalement la vente des cigarettes mentholées, placées désormais au même rang que les drogues dures, douces ou même supposées comme le CBD, au même rang que certains médicaments nouvellement dangereux, ou que, pêle-mêle, les armes, les graines non certifiées, le purin d’orties, que sait-je encore … En fait, ce n’étais pas le fait que j’ai fini ma carrière de fumeur avec ce type de clopes qui me posait problème, mais l’argumentation que l’on avait développé pour obtenir l’interdiction de la vente des cigarettes mentholées. On ne mettait en avant que le fait que la saveur mentholée pouvait peut-être donner aux clopes un goût moins dégueulasse et ainsi inciter les gens et les gamins à se mettre à fumer.

C’était l’interdit de trop… outre la relative stupidité de la chose ça ne doit dépendre que de la responsabilité de chacun. Fumer, prendre soin de sa santé en faisant du sport, aller au travail en vélo plutôt qu’en voiture, etc…, ça fait partie de notre sphère de liberté, de nos décisions… Une dictature, même sanitaire, c’est une dictature …

Plus grave encore, ça veut dire que c’est à l’Etat de prendre ces décisions à notre place, comme c’est le cas pour tellement de choses…Plus grave, parce que c’est le traitement que l’on réserve aux « juridiquement incapables » et que ça veut dire que nous en somme.

Ce n’est pas que ça m’ennuie, mais ils devraient se méfier : si on est incapables, nos actes sont sans valeur … et comme c’est nous qui les avons élus, ils ne devraient pas s’en prévaloir pour se dire nos représentants et maîtres !!!

 

A+