lettres pas persanes, mais presque...

lettres d'ailleurs ... (à la manière de .... d'un étrange étranger arrivant en France)


 

 

 

Très cher ami,

 

Mon séjour en royaume de France sera, à coup sûr, plus long que souhaité, retardant ainsi le moment où nous pourrions passer nos soirées à débattre des étranges coutumes de ces contrées. Ces quelques lettres anticipent ces instants attendus.

 

Je suis arrivé ici en pleine effervescence : le Grand Mal qui subsiste et serpente au travers de la planète se réveillait quelque peu, plongeant ce pays dans un état proche de la catalepsie. Je dû, à mon entrée, me soumettre à quelques singeries médicales destinées à vérifier ma santé, censées me protéger de la maladie, et attendre, isolé et seul, quelques jours avant d’être autorisé à vaquer. Je n’ai donc, aujourd’hui, vu de ce pays que les images et causeries diffusées par les étranges lucarnes qui, à journée faite, décrivent le Monde tel qu’il y est perçu.

 

Dans ce puissant et riche pays on n’est que crainte, et la grande épidémie prend les allures effrayantes des pestes d’antan. Mort et maladie terrifient le peuple tandis que gouvernants, médecins et savants vivent dans la peur que l’on puisse leur imputer la moindre responsabilité dans les aléas de cette affaire : on cache son ignorance, on minimise ou accentue faits et nombres à l’excès, jusqu’à cesser d’être crédibles. Entre craintes infondées et incertitudes, les gens se recroquevillent sur eux même, soumis et prêts à toutes injonctions et contraintes, prêts même à fustiger leurs semblables quand ils s’avisent de défier les autorités auxquelles, faute de mieux, la majorité reconnait science et savoir.

 

On se focalisait, ces jours, sur une variante du Grand Mal, dont on craignait qu’elle envahisse les provinces, qu’elle oblige à revenir à un enfermement général, empêchant la tenue de joyeuses fêtes de Nativité et fin d’année. La terreur ainsi entretenue permis au moins de justifier les récentes et nouvelles contraintes imposées par le Médecin du Roi.

On apprit que plus tard que cette forme nouvelle de la maladie ne provoquait guère, dans les pays où elle était déjà établie, que les inconforts d’un rhume hivernal.

 

Les choses restèrent en l’état et l’on discuta d’autre chose : on se préparait déjà aux élections qui, dans ce curieux pays, désignaient le dépositaire du sceptre royal, roi ainsi élu par ses sujets … Mais ceci est une autre histoire …