10 décembre ... Requiem


10 décembre ... Requiem ...

 

“Le seul homme digne d'être aimé est celui qui ressemble à tous les hommes, qui a la parole, les traits de tous les hommes, qu'on ne distingue des autres que par des défauts ou des maladresses en plus...”

 Citation de Jean Giraudoux... Je l’ai beaucoup admiré, enfin, son écriture, ses aphorismes et j’ai parfois oublié qu’il était homme de son siècle, dans une France majoritairement raciste, majoritairement antisémite, et qu’il était germanophile même en 39 … La mort l’a rattrapé, moralement en 39, puis physiquement en 44…

Je repense à ses écrits superbes et, aujourd’hui, sur cette citation, à ce vieux sage arabe que l’on enterre aujourd'hui, tandis' que certains déterrent ses défauts et maladresses....

 

 On m’a mis sous le nez, outre les errances, décrites comme telles, de ses proches, les déclarations qu’il fit et que l’on juge monstrueuses au point qu’il faille se détourner de son cercueil.

 Il se désintéressait de la volonté des couples homosexuels à voir leur union sanctifiée par le Maire … Je trouve aussi la chose bizarre… Historiquement : si nos révolutionnaires ont eu raison d’arracher à l’Église la tenue de l’état-civil, le fait de l’avoir ensuite singé en organisant des cérémonies n’est guère glorieux. Les homos, comme les autres, se trompent de combat. C’est la mascarade des cérémonies laïques qui est à contester. Le Notaire reçoit les engagements civils ou « marie » les patrimoines, l’officier d’état civil prend note des unions et de leur fruit, c’est de bonne administration. Le juge vérifie la régularité et le bon équilibre des actes effectués en commun.  Tout cela est bien, il n’y a guère que la « cérémonie » qui est de trop : l’union de deux êtres est un acte intime, l’État n’y a aucune place pas plus que l'église n'avait vocation à tenir l'état civil… ou alors …

Donner la vie au sein de couples homo… l'envie est naturelle : le désir d’enfant est très humain. Mais, hommes responsables, il faut faire avec. L’homosexualité n’est pas une maladie, ses conséquences naturelles ne sont pas un problème de santé publique. Il n'y a d'anormal ou monstrueux que la volonté d’empêcher un couple homo d’offrir à un enfant un avenir assurément meilleur que ce qui lui était promis.

Pour eux, comme aux  autres., seulement la liberté et la fraternité de la Nation. Les choses humaines ont besoin de simple bienveillance, plus que de théoriciens militants.

 

Haro également sur quelques sympathies qu'il avait ... selon eux...avec un certain Steiner , théoricien touffu, barré, aux connotations quasi religieuses… Bref, un mec à ne suivre que de très loin et mettant tout son sens critique entre ses écrits et sa propre pratique.

Dans le flot des pensées déviantes ainsi mises en avant figurait la biodynamie en agriculture : la chose a dû parler à cet homme, comme à d'autres qui l'expérimentèrent avec bonheur . Mais, elle n’est pas du goût des tenants d’une approche « scientifique », essentiellement les tenants d’une agriculture classiquement « industrielle » ou « économiquement compatible ». Mais à choisir entre "biodynamistes" et utilisateurs forcenés du glyphosate, difficile de déterminer lequel est dans la "déviance" .

Il était aussi d'autres pratiques : écoles, petites communautés... mais que dire : seul le résultat compte, et il est affaire d'homme. Notre modèle sociétal courant, très urbain, n'est finalement guère fructueux.

Vouloir mêler cet homme aux âneries d'un gourou, c'est aller trop vite et trop loin et la lutte contre les "dérives sectaires"  suit parfois des directions qui ne répondent qu'à des  directives, pas toujours neutres ou désintéressées.

 

Je ne vois rien qui me permette de critiquer cet homme que l’on enterre aujourd’hui…

Un peu vide, un peu triste (mais après tout, je ne suis pas de la famille) mais surtout singulièrement effrayé par l’émergence de théoriciens farouches d'une écologie et d'un « progressisme » sociétal  à leur seule mesure .

 

Hier, la pensée était unique. Elle est désormais unique et obligatoire. Orwell se cache où l’on ne pensait pas le trouver.