deuxième jour ...

deuxième jour ...

 

Hier, j’ai dû essayer de rassurer/consoler un petit homme … il avait vu quelques tanks, des explosions, des gens apeurés et terrés dans le métro, la guerre … il avait entendu ces mots : guerre, combats, nucléaire… des mots que l’on croyait oubliés, dans nos contrées du moins. Il y avait aussi la valse des commentateurs, l’enchaînement des émissions spéciales qui ressassent quelques rares nouvelles, les commentaires…. Aussi, peut-être, en plus de la crainte, la rage de ne pouvoir chasser, à coups de pied au cul, un dictateur fou.

 

Que lui dire ? comment expliquer qu’à force de croire en une paix éternelle entre des nations uniquement préoccupées à faire commerce, nous n’étions plus armés, sauf par la quasi-certitude que l’autre n’oserait pas s’attaquer à une entité capable de le détruire à l’instant où il l’aurait lui-même détruite.

 

Mais l’équilibre de la terreur ne remplace pas les vieilles options : la guerre à l’ancienne est toujours possible, avec les mêmes armes, sur des schémas identiques. Comment expliquer que pas un seul de nos soldats n’irait au secours de ceux qui sont injustement attaqués. Comment expliquer que les « sanctions » ne seraient qu’économiques, et sans excès, bien sûr : les financiers de la Hanse sont gens raisonnables et prudents. Comment expliquer que demain l’agresseur aura sa place au sein des nations, que ses ambassadeurs seront reçus avec égards, qu’il pourra mettre son veto aux condamnations des Nations Unies le concernant… Une farce à l’italienne …. Passe encore que l’oncle Sam, le vieux Joe la joue « petite bitte », après tout, c’est de son âge et dans la tradition, mais les autres … Difficile...

 

Il fallait parer à l’immédiat, parler au petit Prince … J’assurais que la guerre ne serait pas totale ou nucléaire, qu’elle finirait vite, qu’elle resterait loin de chez nous et qu’il n’y aurait là-bas, dans quelques jours, qu’un changement de gouvernement. Il paru un peu rassuré …

 

J’étais sûr d’avoir raison : le cours des valeurs-refuges, de l’or, après une montée vertigineuse le matin, retombait déjà : on pariait, en bourse, sur un effondrement rapide de l’Ukraine, sur son prochain retour dans le giron du Tsar fou et, après condamnation ferme et formelle de ce dernier, on trouverait bien de nouveaux équilibres commerciaux….

 

A dire ou penser cela, je me sentais un peu merdeux … mais pas plus que les deux sinistres qui, en 1939, descendaient de l’avion de Munich (déjà) …