Requiem pour un camping


Requiem pour un camping, pour le lac... et après


DE 2022 :

Les deux, dejà ...

 

Pour le camping, c’est fait, dans l’enthousiasme (unanimité, du Conseil Général en fait) et en saluant au passage, grâce à la disparition du camping, le sauvetage de la perle du Jura et un geste décisif en faveur de la environnement.

 

Peut-être, le camping du Domaine de Chalain avait-il mal vieilli… On était loin de l’enthousiasme des premières années, du luxueux camping qu’il était alors, un des plus beau de France, attirant tout un flot de Bataves .

Au fil des années, il s’était couvert de mobil homes ou de tentes aménagées, à priori gérées par des voyagistes, et la partie « ouverte » était plus limitée….

Il faut maintenant  prévoir les  sous pour enlever toutes ces « verrues », réaménager l’ensemble et apprendre à se passer des revenus de la chose : une paille, grosse paille… Un grand geste pour les contribuables, mais, je le crains, bien plus petit pour l’environnement

 

Le lac était malade, c’est sûr … on avait commandité à cet effet une solide étude, scientifique, complète, indiscutable. Reste à la lire …

A défaut d’appréhender tout de c e langage scientifique, d'interpréter toutes les données recueillies par ces savants sur l’évolution récente de la flore et la faune de notre lac, lisons déjà les recommandations faites par ce distingué collège scientifique en vue d’en finir avec « l’eutrophisation » des eaux turquoises de la perle du Jura... elles sont très claires : 

*1) une amélioration du réseau d’assainissement et des stations du bassin versant du lac (toutes les communes du plateau jusqu'au Frasnois

 

*2) une amélioration des pratiques agricoles avec une limitation maximale des épandages d’effluents liquides de types lisiers/purins…

 

*3) une restauration de la zone humide en rive ouest du lac (bas marais) avec une suppression des fossés de drainage qui accélèrent les transits d’eau et de substances vers le lac… (en fait, boucher les fossés qui avaient été creusés pour rendre « cultivable » les marais qui bordaient encore le lac dans les années 1960)

 

*4) une limitation supplémentaire des marnages artificiels (écart entre le niveau bas estival et le niveau maximal – « normal » de Chalain) afin d’augmenter l’efficacité des mesures préconisées ci-dessus … (c’est aussi nécessaire pour le maintien sous l’eau des vestiges de la cité lacustre – site UNESCO protégé )  la cote de 487 m  était requise- mais on l'a fait monter à 488...

 

Bref, dans toute cette étude, les pipis des campeurs ne sont guère présents … les quelques fuites accidentelles de l’égout ayant eu lieu dans le passé côté Marigny ne pèsent guère et s'agissant d'un conduit commun avec les communes et fruitières du plateau, nos campeurs ne peuvent donc être que très indirectement mis en cause dans cette pollution accidentelle…

 

On en reste donc sur les dégâts de la « modernisation » agricole, du passage de prairies naturelles ou pâturages communaux à une culture intensive d’herbages.

L’approvisionnement du Lac (les sources au fond du domaine) bénéficie (ça a été chiffré) des résidus de 5200 T de fumier, 5700 m3 de purin, de 105 T de nutriments NPK, sans compter l’azote…

 

C’est pas pour dire, mais si le maintien au niveau haut du Lac est bien souligné comme utile, autant comme complément aux préconisations citées que pour la conservation des vestiges lacustres, je ne vois pas le lien entre cette très belle étude et la fermeture du camping, en tout cas, je ne vois pas en quoi elle évitera la mort annoncée du milieu naturel : ce n’est pas demain que l’on changera de modèle de production agricole …

 

Mais J’ai sans doute mauvais esprit.

 

En attendant, un site en  grande partie à l'abandon pour la seconde année, une zone réduite à l'état de friche industrielle, une absence de projet, ou des projets tenus secrets .... des dettes pour le département, et, contrepartie de la dissolution de la régie départementale qui gérait le site, un futur qui d'évidence risque de l'être par des intérêts privés...

 

 

et en 2025, ça devient ?

Il n'y a guère que l'aménagement des plages et des prairies de repos en bordures qui ont été accomplies .... le reste attendra. les anciens emplacements restent en l'état, non dépollués, ou plus exactement au sol  n on débarrassé des multiples restes des réseaux de tuyaux et branchement qui desservaient les installations et hébergements fixes du camping. Sur la rive Ouest aucun travaux n'a été entrepris pour refaire des prairies artificielles une zone humide. Sur le plateau, rien n'a changé  rien à priori sur les stations d'épurations. Quand aux tas du fumier produit en excès, non utilisé, il pourrit tranquillement au milieux des prairies rases, juste au dessus du karst desservant le lac ...

Bref, camping ou pas, les causes de l'eutrophisation, telles que décrites dans la très bonne étude dite plus haut sont toujours là, et le seul changement est le maintien à un niveau haut du lac. Plus de volume d'eau, la pollution mettra un peu de temps à atteindre le niveau critique ... Combien ? un an, trois, 10 ? mais la messe est dite, le lac fut d'une eau pure...

Côté tourisme ou projet, peu ou pas, semble espéré...

Plus loin, nos rivières s'enrichissent à l'étiage, d'algues qui colorent nos eaux en vert "canal du midi", algues qui, aux chaleurs s'étirent en longs filaments ... La Loue est délétère, l'Ain suivra... adieu les spots d'une pêche "de luxe' ... Le Jura n'est plus pays de bocage et de prés bois naturels envahis de gentianes et de fleurs... Adieu nos paysages qui rivalisaient avec ceux qui faisaient réclame pour les chocolats suisses. ... Notre environnement a perdu quelque peu de son attractivité ... les souhaits de certains seront bientôt comblés :  c'est la fin du sur-tourisme avant qu'il n'ai été ...

 

Reste nos cyclo touristes, nos marcheurs.... j'en ai croisé beaucoup cette année, et des courageux .... Je crains qu'ils ne soient désormais notre seule chance dans le domaine du tourisme, et le seul espoir des gens qui en vive... Mais il faudra, cette fois, oublier d'être con ... et de ce que je lis ou entends, c'est pas gagné