27 juillet - Mont Rivel

27 Juillet - Mont Rivel


27 juillet il y a longtemps – j’avais 20 ans …

à Champagnole, la montagne s’était effondrée sur l’énorme réseau de galeries creusées sous le Mont Rivel afin d’extraire le calcaire alimentant la cimenterie. 15 hommes manquent. Le plan ORSEC est déclenché. On suppose que des spéléologues seront utiles : j’y parts avec mon club.

Le chantier est déjà en pleine effervescence : tout ce que le secteur comprend d’entreprises de travaux publics, tout de que la grande région comprend de foreurs et d’entreprises de mines.

Le point est vite fait : l’entrée des galeries est totalement bouchée par l’effondrement, il faut forer presque au hasard sur les pentes pour essayer de rejoindre les poches laissées vides par l’effondrement et où des hommes auraient pu survivre.

On fore aussi à l’horizontal un tunnel : il débouchera bien sur un vide. Ce sera notre seule intervention en tant que spéléologues. On s’aventurera sur ce secteur effondré. L’éboulis est instable : mauvais calcaire marneux, pas d’angles francs. La pente de l’éboulis n’en est pas une : c’est quasi vertical : un bruit, un choc et tout bougerai. L’exploration fut courte : 50 mètres avant que tout soit à nouveau bouché, et ce fut sans doute la plus courte mais la plus dangereuse de toutes mes explorations.

 

Dehors, l’affaire suit son cours : une multitude de chantiers, apparemment sans vrai coordination, de jour et de nuit, parfois avec une sécurité minimale : un homme y laissera la vie. La Croix Rouge distribue les sandwichs, les gendarmes clôturent le site, mais personne n’a songé que les gens évacuaient ou déféquaient, que parfois ils auraient besoin de dormir !!! c’est miracle qu’il n’y ait pas eu de problème sanitaire…  

Privés d’exploration, nous arpentons le terrain, comme beaucoup, recherchons des signes.

 

Le miracle, c’en est un et un vrai, viendra par pur hasard, après de très, très longues heures ou jours.

Un forage atteignant un secteur de galerie resté vide et des coups sont frappés sur le tube de forage : des vivants. Le reste suivra : la nourriture descendue par le premier forage, le second permettant le passage des hommes, la sortie, et la suite des recherches puis leur abandon. Bilan 5 disparus et 9 miraculés.

 

Une stèle et l’exploitation reprendra, sur le haut de la montagne, en carrière, sur le terrain de ce qui fut le plus majestueux des oppidums gallo-romains de la région. Il en reste un peu : les cimentiers ont déserté le secteur….