Kaizen … deuxième fois…
Aujourd’hui, pour la deuxième fois, je regarde le film de ce gamin, influenceur, comme on les appelle, un phénomène et un succès phénoménal.
A 80 balais, ces gamins au parcours bizarre, suivis par des millions d’autres gamins, parlant comme lui, bougeant comme lui, semblent être d’un autre monde. On les voit comme des extra-terrestres, bref, un débarquement de martiens : on espère simplement qu’ils viennent sur terre en paix.
Bizarre, mais ça m’intéresse. Il y a le JE énorme, le battage média de l’annonce, le langage, la forme que je n’apprécie guère.
Mais dès qu’il met des baskets pour recommencer à courir, dès qu’il attaque l’entrainement sportif, il redevient terrien, il est de notre monde, de sueur et de souffrance physique. La montagne, c’est pareil, même avec un guide, même sur des passages avec corde fixe ce sont des efforts, une volonté et puis, pour recommencer, course après course, il faut aimer la montagne. Au bout du compte, l’Ama Dablam, fabuleux sommet de près de 7.000 m. avant de s’attaquer à l’Everest, le dernier, et pas le meilleur, bien sûr : là-haut ça vire au parc d’attraction. L’Everest c’est une source de revenus pour le pays, mais plus encore pour les agences vendant au prix fort, à de riches clients, la possibilité de tenter, seulement tenter, le sommet de la terre. Le ridicule n’est pas le sien, lui n’y a qu’une petite part. Il fait les choses comme elles sont, honnêtement et même avec une débauche d’oxygène, même en se hissant avec des jumarts le long de cordes fixes posées par les locaux, il s’en tire mieux que beaucoup des riches clients d’agences qui encombrent dangereusement le ressaut Hillary.
Et puis, j’aime bien le gamin, sa bonne attitude avec les locaux : il rit, chante ou danse avec les sherpas, son équipe respire la santé et l’équilibre, alors…
Il montre les ordures et la désolation de l’entreprise Everest : oui, mais ce ne sont pas les siennes, ce n’est pas la sienne.
Il pontifie, se met en valeur : et alors, on en voit bien d’autres, et pour bien moins que cela.
Sont venus les critiques, de toutes parts, et plus virulentes à chaque gain d’audience.
Il n’est pas alpiniste : oui, c’est vrai, peut-être le deviendra-t-il.
Mais bon, allez faire ce reproche dans la vallée de Cham, à la compagnie des Guides qui, depuis Balmat, conduisent leurs (riches) clients vers les sommets. Et ce sont leurs clients qui, souvent, s’attachent à ces efforts, à ces sommets et deviennent, au fil du temps, d’honnêtes montagnards, et parfois de bons alpinistes.
La passion de la montagne, ça vient avec le contact physique, ça ne nait pas spontanément en ville ou au cœur de la Beauce.
Il ne parle pas assez des sherpas, du pays, du commerce des expéditions, des ordures. Désolé, mais c’est connu depuis longtemps. Est-ce à lui de dénoncer ou de développer la critique. Il montre : ça a au moins fait connaitre le problème à 20 millions de personnes supplémentaires, c’est déjà ça.
Il risque d’entrainer d’autres gamins sur des défis semblables … le chemin est dur, la plupart abandonneront.
C’est une affaire de fric, de pub … Oui, mais c’est le sien et celui de ses sponsors … objectivement, le cinéma en fait bien d’autres et s’il faut comparer avec le budget de certains films, cachets compris …
Ce dernier, d’ailleurs se plaint : le gamin ne respecte rien en termes de diffusion : là, j’ai tendance à sourire.
Bref, plus je lis de critiques, plus j’aime bien ce gamin … J’en suis à ma deuxième vision, sans doute pas la dernière…
Dommage qu’il parle comme ses copains, à 80 ans on a un peu de mal