produits locaux


Produits locaux


Produits locaux

 

Depuis des années déjà, les choses paraissaient évidentes : l’agriculture jurassienne était devenue une industrie…  Au départ, cela ne nous avait pas déplu, sinon réjoui : notre fromage était devenu une AOP recherchée, rémunératrice et nos paysans vivaient bien. La tonne de lait à Comté était payée, sinon au double, du moins bien au-delà des autres productions … Quelques années heureuses : le moderne, le confort au travail : mon voisin qui avait enfin une cabine climatisée sur un tracteur bien suspendu. Le progrès avait du bo

 

Et voilà qu’un écolo se met à dénoncer la pollution de nos rivières, liant celle-ci au modèle quasi industriel de la fabrication de cet excellent fromage. Levée de boucliers.  L’image du coup de pied dans la fourmilière fut bien en dessous de la réalité … la tête dans un nid de frelons serait plus évocatrice.

Tout le monde s’y est mis, le préfet, très récemment arrivé des Bouches du Rhône, en tête, parlant d’un goût unique, d’un savoir-faire traditionnel et millénaire…Et quoi encore ? Il devrait savoir, ce cuistre, que ce type de fromage nous vient plutôt des coteaux de Gruyère chez nos voisins suisses et d' il n’y a pas si longtemps, ou que les procédés de fabrication actuels n’ont plus rien à voir avec ceux d’il y a un demi-siècle.

Le cahier des charges de l’AOP est strict : on nourrit à l’herbe, ensilage ou autres saloperies interdites, superficie minimale d’herbages par tête de vache, territoire de production délimité … L’exigence fut sans doute à l’origine du succès. Mais il a fallu produire plus. Beaucoup plus. On a trouvé les solutions : exit les paysans, vive les industriels agricoles. Sélection des vaches ; on a doublé pratiquement la production journalière de nos bêtes. Les troupeaux passent de deux à 6 douzaines de laitières., chaque exploitation produit autant de lait qu’une fruitière de pays d’il y a 30 ou 40 ans … On transforme la moindre surface de pâture en parcelle de production d’herbe. Les déplacements des troupeaux deviennent problématiques et les vaches passent le clair de leur temps dans le petit espace dédié de leurs stabulations. Elle ne rit plus la vache… mais elle fait caca, beaucoup, et plus qu’il n’en faut pour la fumure des sols…  Les pyramides de fumier s’édifient le long des champs, au-dessus de ce karst, jurassique en diable, et creusé d’une multitude de galeries ou failles On n’a beau faire, les cacas font leur chemin jusqu’à nos sources, puis dans nos rivières, polluées, définitivement …on n’aura pas besoin d’attendre le réchauffement climatique, le mal est fait.

 

Quant à la fabrication, laisser moi rire… rien à voir avec le travail de mon grand-père : cuve inox ; manutention et proces automatisés… Une fruitière c’est parfois 30 meules journalières pas 2 ou 3 comme dans nos villages il y a quelques décades.  Jusqu’à l’affinage… machines, humidité maximale, histoire de gagner sur les 2% anciens de « perte en cave » - c’est devenu une industrie, tant pis si les caves et parfois les meules sentent le pied confit…,

 

Oui, le Comté pollue, oui, les vaches ne sont pas heureuses, oui, notre environnement est saccagé par une activité agricole de type industrielle … (et en plus, les agriculteurs actuels gagnent souvent moins bien leur vie que les anciens – ça c’est de moi, mais vérifié sur tous les paysans que j’ai connu il y a un demi-siècle

 

 

CELA DIT, ne nous faites pas chier : Tout est vrai, mais c’est le lot commun de toutes les productions agricoles actuelles, TOUTES. Alors n’en faites pas un fromage et gueuler non sur le Comté mais comme nous le devrions tous sur ce modèle de production et d’exploitation du vivant.

Ne gueuler surtout pas avec les tenants de ce modèle, ceux qui hurlent le plus fort sur ce mauvais procès que l’on fait au Comté… Eux, ce qu’ils veulent, c’est continuer à polluer tranquillement et avoir avec eux de bons écolos qui se cantonnent à vous conseiller de pisser sous la douche pour sauver la planète…

 

S’il vous plaît, ne gueuler pas avec n’importe qui …