Jo a un souci

Josette a eu un souci ce soir : le fauteuil qui échappe en partie, des mouvements incertains, un malaise et des mouvements qui ne s'ordonnent plus. Moi respiration difficile encore et pas la force de combattre un corps raide et qui ne s'abandonne pas.  le temps passe j'appelle le 18.

Chez nous ça marche encore bien : la réponse est quasi instantanée, l'ambulance est déjà en route alors même que les renseignements médicaux sont en train de s'échanger. J'ai le médecin au téléphone alors que la prise en charge est déjà faite.

Mon Dieu pourvu que ça dure, mais je n'y crois pas, demain bientôt ce sera l'appel obligatoire au 15 la discussion interminable et aléatoire avec un aiguilleur qui décidera peut-être de déclencher ou non les secours.

Quant aux miens ils sont déjà là, à la porte. Les examens, c'est des standards : on prend la décision logique : direction les urgences mais ce sont celles de Lons : pas de visite à Lons, jamais ou alors si tard. Pas d'accompagnement non plus, je n'ai même pas la possibilité de l'accompagner dans l'ambulance des pompiers. Quant à l'attente aux urgences j'ai déjà testé : une salle d'attente où l'on ne sait rien,  les questions périodiques à la Secrétaire qui finit par vous trouver insupportable : on me déconseille : je sais il faudra donc attendre au moins 2 h ….. C'est plus que la durée de mes séparations avec Josette : elle est fragile depuis notre entrée dans la maladie et j'essaie d'être toujours à ses côtés au moins un porté de voix.

Il me faut donc maintenant lui dire au revoir, lui expliquer mon absence : pour un peu ça perturberait son évacuation par les pompiers. je durcis quand même la voix : on réagit correctement on me laisse faire. L'ambulance est partie, désormais plus d'une heure et j'attends encore.

 

 

Pour passer le temps, je plonge dans un interview ORTF avec le vieux Ivan illich… certains disent qu'il faut relire Illich, je déconseille : cet homme est un puits de science mais un peu foutraque dans son parler ordinaire, dans ses explications foisonnantes … plus personne ne peut lire sereinement ses écrits. Par contre il faut essayer de le comprendre et il faudrait sans doute le réécrire d'une manière plus simple, plus « moderne » … Mais les choses sont là…

 

L’Interview est assez long - 1 h.  le début est en forme d'accroche je m'y tiens bien et puis après ….  on parle surtout de religion je vais plus vite ces temps je suis un peu mou dans les évangiles…

 

vers la minute 25 - 30 on revient à la base c'est-à-dire à ces systèmes qui prennent en main nos vies, si complexes qu’ils finissent par ne plus réaliser nos souhaits et qui nous reviennent comme des ennemis… l'école bien sûr, les déplacements on connaît tous, et puis aussi la santé, la médecine et là bien sûr j’y suis, je mesure bien ce qui nous sépare désormais de l'acte fondamental que l'on doit que l'on se doit l'un à l'autre : l'acte de soin…  

dépossédés de l'acte de soin…une situation si pénible pour les vieux que nous sommes.