MANANG, le col, et MULTINATH


 

Lundi 10 :

 

Petit déjeuner : retour au pain tibétain avec du miel et du café noir.

Départ aux heures habituelles.  Les autres groupes sont aussi sur le départ mais pour une variante passant par les villages d'altitude. J'avais chiffré cette variante à une journée d'environ 1000 m de dénivelé positif : je trouve que c'est un peu beaucoup pour ce sixième jour de marche et pour une première journée complète à plus de 3200 m d'altitude. On choisit donc l'option linéaire par la piste et le chemin des porteurs. La vallée est large et nous laisse volontiers des vues sur les ANAPURNAS 3 et 4, sur GANGGAPURNA, si bien et que la grande barrière des ANNAPURNAS se dévoile à nos yeux dans sa quasi-totalité.

En face nous voyons le PISANG PEAK et les CHULU, des 6.000 m, des « trekkings peak » de rêve… Au fond de la vallée, à gauche, la pointe du TILICHO PEAK et à droite les sommets au-dessus du THORUNG LA : le décor est planté.

En chemin des groupes de randonneurs locaux (riches népalais) avides de photos (y compris avec nous comme sujet !!)

Autre rencontre : un couple de « globe-trotters » savoyards. Ayant expédié Chine et Inde, ils visitent maintenant le Népal et s'offre un tour des ANNAPURNAS.

Pause à HUMDE (avant l’aéroport) dans une boulangerie : brioche et thé-citron. Nous faisons une provision de pommes (des vergers à l'altitude des aiguilles de Chamonix...) auprès de jeunes enfants. La piste est un peu monotone malgré les buissons aux vives couleurs de l'automne. Marche jusqu'à BRAGA : déjeuner : spaghetti bolognaise ... correct ….

Après le repas, montée jusqu'au vieux monastère : il est du XIVe siècle et se visite. C’est l'heure de la pause et nous échaperons à l'office. En sortant, nous croisons les nonnes qui rentrent du repas. Elles viennent ici depuis Katmandou pour la célébration d’un saint lama local.

Reprise de la marche pour arriver à MANANG vers 14 h 00. Le village de lodges est plein : ici, les gens passent deux jours pour l'acclimatation à l'altitude, d'où l’affluence … le guide nous choisit un lodge séparé des autres groupes de français … On hérite d’une chambre avec salle de bains intégrée. Moins clean que la veille, mais l’eau est vraiment chaude. Nous faisons nos formalités d'arrivée et ensuite nous visitons la « ville »: je n'irai pas plus loin que la pâtisserie qui fait aussi salon de thé et cybercafé. Gestion des messages Internet, café + pâtisseries en attendant les filles (qui feront le même arrêt plus tard avec chaussons aux pommes et Thé).

Retour au lodge : le guide nous présente un de ses confrères qui souffre du plexus solaire : il craint la visite au docteur du lendemain et une possible impossibilité de passer le col. Je lui passe quelques cachets de Doliprane en souhaitant pour lui qu’il ne s’agisse que d’un mal bénin (ce sera le cas …)

Retour en chambre, pause, repas et nuit corrects. La lune est sur le GANGGAPURNA…

 

Mardi 11 :

 

 

Réveil à l’aurore : le jour se lève sur GANGGAPURNA. Je fais des photos depuis mon lit : la fenêtre, le point du jour et le soleil levant sur les montagnes … c'est quelque chose de rare !!!

Lever agréable donc pour ce jour de repos relatif. Après le petit déjeuner nous nous dirigeons vers le lit de la rivière et nous montons vers un promontoire sous ANNAPURNA 3. Au sommet un stupa et un petit village temporaire de bergers : il y a là des herbages pendant l'été … nous avons fait environ 300 m de dénivelé.

Petite pause, photos, on retrouve les autres groupes ( qui, eux, prolongerons l’exercice …)

Très belle vue sur la barrière des Annapurnas, la vallée de Tilicho et, en face, les Cholu…. derrière nous le Pisang Peak et au loin, le Manaslu.

Descente : un thé citron au petit bar de ce promontoire, et ensuite la moraine …

Vue sur le glacier descendant de GANGGAPURNA : une superbe cascade de glace finissant dans le lac baignant le pied du village de Manang.

Retour au lodge et déjeuner. Pause l'après-midi…Pas grand-chose à faire …

Il y a une grosse arrivée de trekkeurs : les lodges se remplissent … Dans le nôtre, un groupe de Français particulièrement bruyant… je préfère les groupes étrangers, au moins on ne comprend pas ce qu’ils disent…

Dans le jardin du lodge, on arrache les choux pour une récolte hâtive. En fait, il s’agit de faire de la place afin de monter une tente qui servira d’abri pour les porteurs en augmentant ainsi la capacité du lodge !!!

Visite du village : on teste le supermarché local, la salle d'information avec météo (c’est en fait, un peu limite : le lendemain est le dernier des 10 jours affichés).

Nous visitons aussi le musée local moyennant 100 roupies (a priori c'est trop cher pour nos bruyants touristes français, qui passeront leur chemin !!) - beaucoup d'objets usuels anciens, des vêtements, des armes avec un peu de poussière … les infos sont en anglais et des vautours empaillés gardent l’accueil.

Dîner ensuite face au GANGGAPURNA, la salle est bondée, le bruit redoutable… malgré cela la nuit sera calme   Pas de symptôme du mal de l'altitude….

 

Mercredi 12 :

 

Réveil naturel à l’heure prévue : les sacs à dos sont refaits de fond en comble. Au petit déjeuner, mauvaise nouvelle : notre porteur n'est pas rentré. Le guide part à sa recherche. A son retour, c’est confirmé : une nuit alcoolisée, un coup de blues, et il ne veut plus monter : il sera renvoyé vers le bas avec le salaire qui correspond, Mais cela ne résout rien… Nous devrons adapter notre portage avec un seul porteur et le guide. Plus tard, nous ferons appel au porteur d'un autre groupe pour mieux répartir la charge globale.

 

En route pour une montée tranquille : nous attendons nos porteurs et on rentre enfin dans le vallon qui mène jusqu'au col.

La pause de 12 h 00 est supprimée et le déjeuner sera déplacé à la fin de l'étape : LEDAR, vers 4.200 m d'altitude. Pour l'après-midi, afin de s’acclimater à l’altitude, nous effectuerons une montée rude à flanc de montagne sur environ 200 m de dénivelé (c’est l’alternance montée, puis retour pour passer la nuit plus bas que l’altitude atteinte qui permet théoriquement de s’acclimater au mieux).

Le soleil est bien présent : je prends un bain de soleil en haut.

Au retour, thé citron en attendant le coucher du soleil… Celui-ci sera précoce dans cette vallée encaissée. Il n'est pas 17 h 00 qu'il faut déjà rentrer et se mettre au chaud. On discute avec nos collègues stéphanois, on attend le dîner. Toujours pas de problème de mal de l’altitude jusque-là. La nuit sera quand même un peu en pointillés, mais sans grands problèmes


Jeudi 13 :

 

Nous prenons notre petit déjeuner en compagnie de nos collègues stéphanois et nous partons à l'heure habituelle. Notre porteur YANN a évacué son alcool de riz et il demande sa réintégration dans l'équipe. Cela facilitera bien les choses et tout rentre dans l'ordre. Le départ est peu violent, je prends le parti de faire route avec Pascal, un stéphanois qui a un rythme mesuré. Cela m'évitera de me mettre dans le rouge en suivant mon penchant naturel à partir trop vite. Un peu de montée maintenant, puis traversée de la rivière avec la traditionnelle descente, le passage du pont et la remontée.

Petit arrêt devant une minuscule maison de thé - thé citron - et la marche reprend. On passe sur et à côté de grands éboulis qui sont un peu « craignos ». Nous arrivons à moins de 10 h 00 au but théorique de l'étape : THORONG PEDHI. Le choix est clair, personne n'a envie de dormir ici et de faire une balade en aller retour de 350 m de dénivelé pour reprendre le même sentier le lendemain matin au petit jour ... Nous montons donc jusqu'au « camp de base » du col. Je fais à nouveau route avec Pascal sans grands problèmes respiratoires, pour une arrivée finale avant midi. Nous voyons au loin des mouflons, les montagnes sont superbes : les ANNAPURNAS et en face les CHOLU. Nous arrivons au camp de base par un sentier entre cailloux et falaises. Le chemin est esthétique mais rude. Nous nous installons et nous attendons le déjeuner avec une vue de 360° sur les montagnes. Le soleil est bien présent et nous sommes en T-shirt à 4.830 m d'altitude…

Après le déjeuner, toujours pour l’acclimatation, nous faisons une montée d’environ 100 m de dénivelé sur un petit sommet au-dessus du lodge : superbe panorama, nous repérons le début de l'itinéraire du lendemain - photos et descente pour une calme après-midi. Enfin, presque calme, avec l'arrivée bruyante d'un groupe important de Vénézuéliens qui applaudissent bruyamment l'arrivée de chacun de leurs camarades. Bref, c'est l’ambiance que l'on nous décrit comme détruisant la magie de ce trek !!! Mais il reste les montagnes, les paysages uniques, les népalais… ne boudons donc pas notre plaisir... Repas suivi d'une discussion avec nos globe-trotters savoyards, qui naviguent entre un peu d'humanitaire (en Inde et au Népal) et un tourisme « routard ».

Toujours pas de symptômes du mal de l'altitude, la nuit sera quand même en pointillés mais sans douleurs…

 

.Vendredi 14 :

 

Départ après un petit déjeuner pris vers 4 h 30. Nos amis stéphanois sont déjà partis. Dans les premières rampes, Pascal souffre déjà. D’une pâleur extrême, il est incapable de monter au col. Un cheval viendra à sa rescousse. Moi je souffle beaucoup. A la première maison de thé, arrêt pour un thé citron et je continue. Ma cadence entre les pauses ne sera que de 50 à 60 pas, exceptionnellement un peu moins. Il me faudra plus de 2 h 00 d'efforts pour les « presque » 600 m de dénivelé du col.

Le jour s'est levé entre-temps, nous offrant un spectacle assez fabuleux. Je ne l'apprécie cependant pas à sa juste valeur compte tenu de ma petite fatigue. Photos traditionnelles et embrassades au col. Pascal arrive enfin : il descend de son cheval et l'on entame la descente. Je croyais son calvaire fini. Il n'en est rien. Son rythme est lent, les arrêts sont fréquents et il tangue comme un marin en fin d'escale. 500 m (sur les 1600 à aligner) sont parcourus ainsi. À une pause je libère le guide et Michelle et nous quittons le groupe de stéphanois rassemblé autour de leur malheureux compagnon. Descente plus rythmée vers une grande piste à une altitude d’environ 4300 m. La suite sera longue et pénible : MULTINATH semble s'éloigner au fur et à mesure de notre avancée !!!

Enfin le village : nous croisons une curieuse station de taxi-moto, spécialisée dans la montée depuis le village vers le temple qui le domine...

Il y a encore long à marcher dans la ville avant de retrouver notre guide et notre lodge. Il s'agit d'un village-ville avec des rues poussiéreuses et des lodges douteux. Mais ce soir nous aurons une « surprise » : en fait une pizza largement couverte et de la bière, c'est bien, juste ce qu'il nous fallait après cette longue et éprouvante journée.