le col et la fin du trek



Le lendemain : au point du jour,

on entend des cris de joie dans la cour du lodge. Les porteurs, les guides sont là et applaudissent au lever du soleil dans un ciel bleu sans nuages..

C'est donc gagné : le beau temps est revenu, la neige qui avait poudré le paysage la veille, jusqu'au niveau du lodge va bientôt fondre, et nous pourrons sans nul doute poursuivre notre programme.

 

Nous partons donc en direction de SAMDO, petite étape et journée facile d'acclimatation à l'altitude. Effectivement, il suffira de quelques heures dans la matinée, dans un environnement superbe, sous un soleil éclatant, et sur la petite neige qui avait poudré le paysage pendant la nuit. Arrivée rapide, donc, au superbe village de SAMDO et à notre lodge … Repos, toilette et lessive au soleil, déjeuner, petite sieste, et nous partons pour une courte montée de 100 ou 200 m d'altitude afin de parfaire notre acclimatation en re-descendant dormir à une altitude inférieure à celle atteinte dans la journée. Pour moi, je me contente d'une centaine de mètres de dénivelé et d’une bonne sieste au soleil en contemplant les montagnes. L'environnement est superbe, le village est resté très authentique : nous sommes à proximité du Tibet, les symboles bouddhistes sont partout, et, sur le plan agricole, c’est un pays d’élevage : nous sommes au pays des yacks. Nous avons atteint l'altitude de 4000 m et jusque-là nous ne ressentons guère les maux liés à l'altitude. N'était la grosse fatigue qui me poursuit, je serai particulièrement optimiste sur la suite de mon trek.

 

 

Pour ce mardi, nous avons encore une petite journée de marche pour arriver à Dharamsala, le refuge ultime avant le passage du col. La journée est très belle et nous n'aurons qu'environ 3 h 30 à marcher avant le terme de notre étape à 4500 m d'altitude. La montée, entrecoupée de replats, s'avère facile et nous marchons dans un décor de rêve, entouré de sommets éblouissants. En chemin nous apercevrons des mouflons. Je ne suis guère pressé, et nous envoyons notre guide en avant  afin qu'il retienne les chambres de la nuit. Je suppose, en effet, qu'il ne doit guère y avoir de places confortables au refuge. Nous marchons très lentement, l'altitude se fait quand même sentir, et de temps en temps la tête me tourne un peu.

Arrivée au refuge, il n’y a plus de « chambres » disponibles, mais l’on nous indique que certaines réservations peuvent être annulées et que nous pourrons peut-être en bénéficier dans l’après-midi … Nous attendons donc, une paire d'heures après le déjeuner, avant que l'on nous fasse aménager dans deux chambres en lieu et place des lits prévus dans des grandes tentes montées là et qui ne doivent guère protéger du froid de la nuit. Bon déjeuner, juste une petite erreur de livraison pour moi : j'avais commandé un apple pie et l'on m'a apporté, à la place, un « chausson » garni de piments et autres légumes cuits (c’est certainement très bon, mais pas au dessert …). Mon « apple pie » finira par arriver, et ce sera l'un des meilleurs que j'ai goûté pendant ce trek. Repos et petite balade dans l'après-midi, toujours pareil, pour parfaire notre acclimatation à l'altitude. Bon repas du soir malgré mes inquiétudes au sujet de mes capacités du lendemain.

 

Mercredi :

C'est le grand jour, ou du moins le jour décisif pour moi. Réveil à quatre heures pour un départ vers 5 h15. Pain tibétain, chappattis, confiture et miel comme tous les matins … Notre petite équipe est l'une des dernières à se mettre en route.

Au départ, tout de suite, je me sens très faible. J'envisage toutes les possibilités et notamment celle d'un malaise suivi d’un retour au refuge en vue de mon évacuation. J'essaie de me calmer, d'évacuer mes craintes et je continue à marcher en m’économisant au maximum. Après une première portion montante, le relief se fait plus doux, et, après quelques replats relatifs, je reprends confiance. En économisant mes forces, en comptant mes pas, je monte quand même assez régulièrement, sans vraiment m'arrêter, et je m'aperçois, qu'en fait, j'avance autant que d'autres équipes de trekkeurs. J'arrive ainsi à l'anté-col sans grand problème, devançant même quelques groupes partis avant nous. Mes camarades m'attendent, de même que nos porteurs. Par chance (pour eux), il fait grand beau, même chaud et tous ont pu m'attendre sans souffrir du froid. La photo de groupe traditionnelle se fera en T-shirt à plus de 5000 m d'altitude. Ensuite il faudra repartir, remonter encore quelques bosses, pour passer le haut du col et entamer la descente. Les lieux sont fabuleux : glaciers, moraine et petits lacs glaciaires, le tout au cœur du massif et au milieu de tous ces fabuleux sommets.

 

La descente sera tout aussi difficile que la montée, sur un sentier tracé sur neige et glace. Les nombreux passages de ces derniers jours ont poli le chemin, provoquant quelques glissades intempestives … Au fil de la descente, nous prendrons l'habitude de passer à l'extérieur du chemin, dans la neige plus molle, et en évitant les plaques de glace qui se forment sur le sentier : j’hésite à me lancer en « ramasse », j’ai perdu l’habitude de cet exercice !!!

La descente est longue jusqu'à ce que nous trouvions enfin un sentier déneigé.

Après la neige, c’est un sentier de cailloux, pas très confortable, qui nous attend. La journée s'avance, la faim reprend le dessus : petit halte et l'on mange les quelques provisions de nos sacs de jour. Nous reprenons ensuite notre lente progression.

BIMTANG  et notre lodge apparaissent enfin, l'assistant guide, porteur d’une bouteille de coca, puis nos camarades viennent à notre rencontre et nous arrivons enfin au terme de cette longue journée. Nous emménagerons dans un lodge très propre, tout neuf (de nombreux lodges sont en construction sur ce parcours …)  regroupant de petits (mais coquets) chalets. Un peu d'eau tiède pour nous laver, une bière et un bon repas concluent cette dure journée.

 

Jeudi :

Nous continuons notre descente, c’est un profil agréable, un bon sentier et peu de remontées. Nous aurons, toute la journée, des vues superbes sur les montagnes que nous avons franchies. Nous descendons désormais dans la forêt, parmi des pins énormes. Nous ne croiserons guère de trekkeurs : le tour du Manaslu ne se fait à peu près que dans le sens que nous avons emprunté : dans l'autre sens, il faudrait assurer une montée de plus de 1400 m, sans halte possible avant de passer le col : grosse affaire, à priori réservée aux « Trailers fous » ou compétiteurs de la trempe de ceux que nous avons croisés il y a quelques jours.

En chemin, nous apercevons, de façon fugace, des singes : mais ils sont craintifs et nous n'avons pus les photographier. Au déjeuner, nous retrouvons le petit groupe de « franc-comtois » que nous avions rencontré à plusieurs reprises lors de notre trek.

Nous continuons notre descente sans problèmes : profil favorable, une seule remontée et le sentier est toujours facile et agréable. Enfin, en début d’après-midi, nous arrivons à TILIDJE, village très joli, ancien… Les femmes s’occupent des récoltes (en fait, des haricots qui sècheront sur le toit des maisons ou sur des bâches, au sol). Nous emménageons dans notre lodge : joli et ancien bâtiment, tout de bois sculpté. Agréable fin d'après-midi, douche chaude moyennant 100 roupies et petite lessive. Avant le repas et la bière « officielle », nous goûtons à la bière locale (le Tchang), boisson faite à base de millet et préparée sans doute comme les bières « de ménage » que l’on préparait chez nous il y a plusieurs décades… (des grains mis à bouillir dans l’eau, une transformation de l'amidon en sucre très partielle, et, après fermentation une boisson aigrelette et peu alcoolisée) Celle que l’on nous propose est sans doute un peu additionnée avec de l'alcool de riz pour sa conservation et le résultat n’est finalement pas désagréable, désaltérant, même si le goût est un peu surprenant.

Au village on voit beaucoup de chevaux de selle : il semblerait que dans ce secteur de la vallée, on puisse louer des chevaux. Bon repas et bonne nuit.

 

Le lendemain nous continuons la descente de la vallée jusqu'à GORHEPANI et le trajet du Tour des Annapurnas. Nous quittons un parc naturel pour un autre et nous passons un nouveau Check Point (nous, on a failli pas le voir …). La descente commence sur la piste, le sentier de trek ayant été partiellement emporté par un éboulement. Nous emprunterons cette piste plus souvent que nous l’espérions et que nous l'avions utilisée il y a deux ans. Déjeuner à TAL, au Lodge où nous avions déjà déjeuné …

 Bons repas, et nous continuons encore un peu le sentier avant de traverser un pont et de rejoindre à nouveau la piste…. En chemin, nous apercevons des ruches sauvages, pendant sous les falaises, et puis d'autres encore, accrochées aux branches d'arbres. Le paysage agréable agricole est agréable et nous arrivons enfin à notre lodge du soir à JAGAT.

 

Le lendemain, nous avons à descendre jusqu'à BHULBHULE, là où nous trouverons des bus pour nous ramener vers BESI SAHAR puis vers Katmandou. La première partie de cette courte journée est agréable, sur le traditionnel sentier de trek…. Nous croisons une « foule » de trekkeurs commençant leur « tour des Annapurnas » ….

Nous nous trouverons bientôt confrontés à un vaste chantier de construction pour un barrage hydroélectrique. Un réseau de pistes a été aménagé, de nombreux camions de matériaux circulent, des constructions sont en cours. L'ancien sentier de trek passait dans un paysage agricole superbe, il était bordé de lodges très bien tenus. Actuellement, il faut chercher, au milieu du chantier, les traces de cette superbe vallée.

Arrêt pour déjeuner dans un petit lodge, rescapé, au milieu des pistes, constructions et chantiers…

L'après-midi sera consacré à une marche assez fastidieuse jusqu'à BHULBHULE. Arrivé là,  j'avais émis l'idée de descendre dès ce soir vers BESI SAHAR, de manière à écourter le trajet vers Katmandou du lendemain. Notre guide négocie un trajet avec une jeep de passage. Nous arriverons ainsi dans de très bonnes conditions à Besi Sahar, la ville d’où nous étions partis il y a 2 ans pour le Tour des Annapurnas. On aménage dans un lodge ou hôtel, à la propreté plus douteuse que nos lodges de montagne. Petite sortie en ville pour essayer de retrouver une commerçante et son jeune fils que nous avions photographié il y a 2 ans. J'ai amené les tirages photo et nous descendons la rue en montrant cette photo afin d’aller la saluer. C'est un jeune garçon qui nous conduira vers elle et nous pourrons lui donner les tirages photo que j'avais amenés. Ça leur fait très plaisir, elle nous présente le jeune garçon, qui a désormais bien grandi. Ensuite, nous ferons, avec nos camarades, la traditionnelle « pause-barbier » de fin de trek …. Grosse, mais agréable séance, assortie d’un massage délassant, mais agrémentée d’une « épilation faciale » assez surprenante. Retour au lodge, bière avec l’équipe et séquence « pourboires » : c'est notre dernier jour de trek et demain nous serons en route vers Katmandou.